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 Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit

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AuteurMessage
Callághan Ø'Shæ



Messages : 18
Points d'Arcane : 37246
Date d'inscription : 20/03/2014
Localisation : Les Landes - Le marais Telmarhyon

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Inventaire:

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MessageSujet: Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit   Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit EmptyJeu 20 Mar - 22:29


Ø'Shæ Callághan

« Lupus est homo homini »




Âge : Un peu plus de deux millénaires
Alignement : Ombre
Métier : Aucun
Sous-cathégorie : Aucun
Guilde des bâtisseurs : Non
Si oui, quelle(s) spécialisation(s) : Aucune
Signes particuliers : Sorcier maudit
Avantages : Immortalité du sorcier, Sens sur-développé du loup, Conscience et Parole humaine, Langage animalier universel
Inconvénients : Sorcellerie & Don annulés, Apparence monstrueuse



Dons :
[Bloqués]

Magie :
[Bloquée]


Ce que votre personnage pense...
De Maryssa :
Une garce narcissique qui se croit l'Impératrice d'un royaume puissant, mais qui n'est au final, que le pantin de ses propres désirs. Une enfant pourris gâté au sommet d'un gruyère de conspirations, de trahisons et où gronde une révolte qui saccagera jusqu'aux fondations de son palais. Une pauvre dinde sans cervelle incapable de délimiter la frontière entre le respect due à la peur de sa puissance et à la haine viscérale d'un peuple humilié. Ce n'est qu'une question de temps avant que tout ne se délite entre ses doigts crochus. J'ai vu tellement de monarque se faire trancher la tête par un peuple qui n'en pouvait plus... je serais aux premières loges pour voir celle de Maryssa tomber.
A t-il déjà entendu parler du cercle d'Andoxian :
Une véritable plaie dans nos rangs, du genre bien sale avec de la nécrose, du pue et quelques gerçures suintantes. Ce sont des fouteurs de merde élevés au rang de professionnels. J'aimerai bien croire que l'Église a eut leur peau, mais pour avoir le malheur de connaître l'un de ses membres ?  Ce sorcier est plus résistant qu'un cafard, je suis sur que le Cercle doit grouiller quelque part... pour notre plus grand malheur à tous.
Que pense t-il de la guilde des bâtisseurs :
Nous leur devons beaucoup, sans eux la Purge nous aurait tous exterminés. Les mondes crées sont magnifiques mais maintenant que les Plans existent, leur utilité devient spasmodique et au grès des besoins. Ils sont sur le déclin... s'ils existent encore. A trop préserver le secret de leurs arcanes, ils  disparaîtront que nous n'en saurons rien. Cependant, je peux comprendre le besoin qu'ils éprouvent à préserver leur Don exceptionnel.
Des êtres humains :
Des êtres obtus, paralysés par la peur, le mysticisme de quelques Dieux absolus et leur besoin irrépressible de se battre. Des créatures bornées et aveugles aux véritables valeurs et richesses que l'Univers s'évertue à leur fournir depuis des millénaires. Pour les avoir si longtemps côtoyés, je dois cependant leur accorder le respect due à leur remarquable persévérance.
Lui arrive t-il d'aller sur terre ?
Je ne m'y suis risqué qu'une seule fois après la Purge, aux alentours de 1764/65, dans une boueuse région montagneuse que les hommes appellent le Gévaudan. Il s'agit d'un très mauvais souvenir, contraint de m'y cacher quelques temps, la situation a très vite dégénérée. Une chose est sur, je ne remettrais plus jamais les pattes sur Terre !
Que pense t-il de la purge de Salem ?
Une véritable horreur. Un souvenir marqué au fer rouge dans mon esprit et qui me rappel sans cesse que la peur est le combustible des plus grandes folies que l'Homme n'ait jamais exercé. Je me souviens encore l'odeur âcre des bûchers qui flambaient jours et nuits sur les parvis de Londres, Paris et Madrid. Les rafles au beau milieu de la nuit, la peur et le doute qui déchiraient le cœur des gens. La délation au sein d'une même famille... Ah, j'en avais vu des périodes sombres dans l'Histoire de ce monde, mais celle là remporte le flambeau. Et de loin.
De l'église ?
Je l'ai connu à ses balbutiements, lorsque ses véritables martyres étaient encore jetés à la fosse aux lions ou lapidés. J'ai vu les chrétiens se cacher, graver le symbole de leur religion dans les angles de leur porte : un symbole de l'infini tronqué pour avoir des allures de poisson. Puis je les ai vu croître, se répandre comme une lèpre dans toute l'Europe. Se bâtir sur la mort et le sang de leurs frères et sœurs, parler du Dieu unique et progressivement inverser les rôles. De torturés, ils se firent bourreaux. L'Amour et la Compassion de leur divinité se mua en une faim inextinguible de puissance. Rome tomba, les Franc conquirent la Gaule, le Vatican émergea au cœur même de ces terres qui avaient lutté contre sa propagation. Mais ça ne fut pas suffisant : l'Église lança des guerres, ravagea le plateau méditerranéen au nom de son Dieu... désolation, mort, humiliation... La Purge. Je méprise cette religion obtuse et hypocrite.
Des créatures magiques:
Elles ont leur utilité. Certaines ne vivent que pour fournir des ingrédients aux sorciers, d'autres à servir de gibier. Certaines à faire joli dans un bocal, comme les fées. Après... de vieux principes m'obligent à respecter toutes les créatures, magiques ou non. Que ce soit pour de la chasse ou de la collecte, il est important de garder en tête que toutes les ressources sont épuisables. Et c'est uniquement pour cette notion que j'éprouve un quelconque respect pour les autres créatures magiques. Sauf les Lycans. Je ne les aime pas. Et c'est réciproque... enfin c'est une longue histoire.


Description...

Physique :
Ombres parmi les Landes, la silhouette de la Bête éveille en les cœurs des Hommes de vieilles terreurs. A l’infatigable course dans les plaines, le souffle puissant de la créature couche les hautes herbes. De sa gueule, elle dévore ses proies et entonne de lugubres chants sous les Lunes rousses. Jadis sorcier, il ne s'agit plus que d'une bête monstrueuse frappée d'une malédiction grésillante d'une Ancienne Magie, transformant le corps athlétique à l'immortelle jeunesse en une masse de fourrure sombre. Aux yeux épouvantés des plus humbles paysans dans leurs champs, à la convoitise d'un magnifique trophée pour les Braconniers, voilà que se profile la haute silhouette du Loup.

Mesurant près d'un 1m50 au garrot, l'animal possède une longueur d'un peu plus de 3 mètres depuis le museau jusqu'à la base de sa queue, qui par ailleurs mesure près de 90 centimètres. Bien trois fois plus grande qu'un loup ordinaire, monstrueuse dans son gigantisme, la Bête n'a cependant rien perdu de sa beauté sauvage et de cette fierté qui caractérise ceux de sa race. Sa mâchoire puissante possède une pression de 450kg/cm² et lui permet de traîner une proie de deux à trois fois son propre poids, qui est au demeurant de 210kg. Surmontant cet outil de mort, la truffe sombre luit d'humidité, véritable organe principal dans la traque de ses proies, elle est 10.000 fois plus sensible que le nez humain. Son large poitrail et la souplesse de sa colonne vertébrale lui permettent d'effectuer des bonds impressionnant ou encore d'encaisser de nombreuses secousses lorsqu'il s'accroche à la gorge de ses proies pour les étouffer ou sectionner leur nuque. Ses oreilles triangulaires lui permettent de capter un son à près de 10km de rayon dans les meilleures conditions et même d'isoler la voix d'un loup particulier dans un chœur.

Avec une fourrure aussi noire que de l'encre, cependant éclaircie d'un masque labial gris sombre autour de la gueule, il est chasseur dans le crépuscule. Bien qu'ici et là quelques vieilles cicatrices zèbrent l'épaisse couche de poils, clairsemant la croupe et les flans, il s'est fait prédateur puis vétéran par ses sanglants et sauvages combats dans les Landes. Avec une ossature lourde et une musculature puissante, sa fourrure accentue davantage encore son imposante silhouette. Constituée de deux couches, la première est une bourre de poils laineux de six à sept centimètres qui offrent ainsi une isolation thermique efficace contre les nuits froides et humides des Landes. La seconde couche possède des poils dits de couverture, long d'au moins treize centimètres bien qu'ils peuvent atteindre jusqu'à dix-sept centimètres sur la nuque et les omoplates, formant ce collier caractéristique du loup.
S'il pouvait être beau aux premiers jours de sa malédiction, avec une fourrure lustrée et soyeuse, il n'y a maintenant plus qu'une couche de poils poisseux de sueur et de vase. Ici et là quelques croûtes de sang et de boue forment des paquets de bourre, l'ensemble terni d'une épaisse couche de poussière. Tandis que des tortillons emmêlés tapissent le ventre et l'intérieur de ses pattes, sa queue touffue n'est plus qu'un amas de brindilles et de feuilles mortes. Serpillière ambulante, le grand prédateur n'a plus rien de reluisant et traîne avec lui une odeur de chien mouillé et de mort.

Haut sur membres, leurs structures donnent au loup sa démarche caractéristique portée sur le centre, ne formant au sol qu'une voie rectiligne, quelles que soient les allures et offrant ainsi une souplesse de rythme très confortable. Ainsi, son territoire est très étendu puisqu'il lui est possible d'allonger sa marche sur près de 180km en une seule nuit, économisant son énergie grâce à cette allure innée à sa race. De plus, la largeur importante de l’extrémité de ses pattes lui confère une grande portance, lui permettant de se déplacement relativement bien dans la neige ou mieux : le sol spongieux et boueux des Landes. Avec le temps et un manque d'entretiens, ses épais coussinets sont écorchés, rêches et marqués de gerçures douloureuses pour l'animal. Ses griffes non-rétractiles sont toutes aussi abîmées avec pour certaines des craquelures, ou encore des dédoublements qui, en s'arrachant, font saigner les pattes.

Au delà de cette apparence monstrueuse de part sa taille et ses allures de quelconque créatures sorties des marécages, rappelons que le Loup n'en était pas un à sa naissance. Il ne l'était pas non plus quelques décennies plus tôt. De son existence de sorcier, il n'en garde qu'une seule chose : les yeux. Dans la masse sombre de cette silhouette bestiale, deux orbes d'un vert empoisonné contemplent les plaines détrempées et brumeuses. A l'intelligence vive, à l'acuité exceptionnelle des lupins, le regard n'en reste pas moins Homme. Le vert acide des iris est cerclé du blanc des globes humains, rehaussant l'expression  faciale de la créature. Des sentiments transpirent de ces orbes émotifs, sans mentionner les mouvements directionnels de ces pupilles qu'aucun loup ne pourrait effectuer. Lever les yeux au ciel, suivre une proie sans avoir à tourner la tête, autant de signes qui ne trompent pas : un Homme se tapis à l'intérieur de la Bête. Sa vision reste cependant doté des atouts du Loup, et s'il n'est pas nyctalope, son spectre de couleur favorise les chasses par crépuscule et aube. De même qu'une absence de fovéa lui permet d'agrandir son acuité visuelle qui passe à 280° au lieu des 180° humains.

Psychologique :
Lorsqu'un être doué de conscience devient immortel, quand son age se décompte en siècle, il se peut que son cœur soupir de lassitude. Exister depuis aussi longtemps que mille vies, voir naître et mourir les êtres aimés, pleurer jusqu'à ne plus avoir de larmes, saigner pour des causes perdues, souffler sur les braises de quelques passions... Aux yeux séculaires, la trame du Destin se dépeint alors d'une ironie douce-amère, implacable maîtresse qui se refuse à vous accorder ses secrets. Et quand même la Mort récuse votre dernier souffle, il ne reste que l'observation résignée d'êtres bornés qui se refusent à votre sagesse.

Abandonner son humanité et quitter le devant de la scène pour s'offrir le repos du spectateur. Combien d'Immortels n'ont-ils pas songé à cette douce retraite ? Combien n'éprouvent-ils pas de la fatigue à contempler la folie des mortels ? Ces êtres désespérés, incapable de chercher autre chose que la chimère de leur satisfaction. Courant contre le Temps, essoufflant leurs précieuses années à vouloir attraper les Songes de leur Rêves insensés. Pauvres créatures qui n'espèrent survivre que dans leurs enfants, procréant égoïstement, enseignant arbitrairement. Au regard de l'Immortel, l'Histoire n'est qu'un sanglant échec de la morale de l'Homme. Que ce soient les raisons qui poussent deux pays à entrer en guerre ou les passions qui habitent les cœurs et qui ignorent la raison. Que ce soient la naissance et la chute d'un Empire ou combien la haine d'un seul homme puisse mener à un génocide.

Plus d'un Sorcier aura sombré dans les Ténèbres, refusant de porter sur ses épaules le poids d'une Humanité décadente. Lorsque ceux que vous avez supportés à bout de bras se retournent contre vous, lorsque vos propres enfants vous accusent et vous mènent au bûcher, n'est-il pas tentant d'abandonner la Lumière pour sombrer dans l'engourdissement de la haine et du ressentiment ? Au cœur blessé par la trahison, à la raison amputée d'espoir, il devient aisé de vouloir faire table rase de cette Humanité ingrate pour reconstruire un Monde parfait. Et malgré les arcanes ancestrales de sa caste, combien même il était enfant de cette Terre, un druide abandonna jusqu'à la Lumière de sa raison pour suivre l'ombre maudite de Maryssa.

Être désabusé, il a vécu assez longtemps pour voir les deux faces d'une même pièce. La lumière guide encore nombre de ses actions, au respect de tout être vivant à l'absolution des erreurs commises sous le joug de la peur. Cependant Ténèbres et Chaos se disputent la place en son cœur, dictant l'égoïsme de ses actes et la violence de ses propos. A l'équilibre précaire de sa raison, il se dissimule sous le masque de la Bête par peur d'être battu à la nudité de sa faiblesse. Sans plus de repère ni de guide, l'immortel sorcier n'est plus qu'un enfant terrifié à l'aube d'une vie qu'il se refuse d'embrasser. Loup de part son apparence, combien de temps avant qu'il ne sombre au joug de sa malédiction ?

Né sur les terres où se bâtissent les plus grandes légendes, il maintient la fierté du peuple Celte en son regard anisé. Poitrail en avant, la Bête ne s'effraie que de chimères que son esprit intoxiqué aura lui-même dessiné. Ombre immense, la créature n'aura de cesse de se battre pour sa survie, couvant l'espoir chancelant de retrouver, un jour, visage humain.



Son histoire...

La journée avait été longue pour ce jeune couple de fermiers alors qu'ils rentraient leur bétail dans les dernières lueurs d'un soleil déclinant. Établis depuis peu dans une petite maison en pierre, ils ne possédaient qu'un maigre lopin de terre pour la douzaine de chèvres qu'ils tentaient d'élever en cette période troublée. S'ils bénéficiaient de la protection de River Halls contre les pillages humains, dont la haute silhouette se dessinait à quelques kilomètres de là, la vie n'en était pas pour autant plus facile. Les animaux sauvages rôdaient dans les Landes, émergeant de la jungle Nhéréide à la nuit tombée pour saccager les plantations ou dévorer les bêtes en pâtures dans les champs. Pour remédier à ce problème, il n'existait pas trente-six solutions. Les Chasseurs de Primes étaient peu nombreux et bien trop coûteux tandis que la milice avait déjà beaucoup à faire dans l'enceinte même de la capitale pour avoir le temps et les moyens de patrouiller au dehors. Livrés à eux-même, les fermiers se devaient de redoubler d'ingéniosité pour protéger  eux-même leurs biens contre la voracité des monstres. Pour ce couple dont la jeunesse était un inconvénient, ils avaient opté pour de longues et pénibles économies afin de s'offrir un puissant sortilège qu'ils firent poser sur leur grange. Aucun animal ne pouvait creuser en dessous des planches ou même forcer l'entrée. Les hautes et étroites fenêtres ne pouvaient se briser de même que les murs de bois tout gondolés soient-ils. Seule une intelligence humaine pouvait tirer la chevillette afin que la bobinette choit. Une formulation que la fermière aimait à chantonner à longueur de journée, au doux rappel d'un vieux Conte humain de son enfance.

Aussi ce fut sans craintes que l'homme referma les doubles portes de sa grange, tirant le loquet avant de glisser la chevillette au travers de la serrure avec satisfaction. Ses chèvres passeraient une nuit de plus en parfaite sécurité, quant à lui il allait pouvoir déguster le ragoût de son épouse sans se ronger les sang. C'est qu'ils en avaient bu des soupes au choux agrémentées d'un vieil os à moelle pour donner un peu de goût et de quelques morceaux de pains rances ! Mais tout ces sacrifices en valaient la peine, car bientôt les bêtes allaient mettre bas. Le lait ferait du bon fromage et les chevreaux de la bonne viande, leur permettant d'aller vendre au marché de River Halls d'ici pas même un mois. L'homme se gratta une joue mangée de barbe et de crasse, ses ongles ébréchés griffant une peau tannée par le soleil. Peut-être pourrait-il offrir une nouvelle robe à sa femme ? Ah, lui-même avait besoin d'une nouvelle paire de pantalons... Sa pauvre Suzanne n'en pouvait plus de raccommoder tout leurs vêtements ! Jaugeant une dernière fois le bâtiment peint de rouge et de blanc, il se détourna en toute confiance pour regagner sa petite maison éclairée par une antique et rouillée lanterne. Il avait les pieds frigorifiés et n'attendait plus qu'une chose : retrouver le confort de son fauteuil et la chaleur de son feu de cheminée. La vie n'était peut être pas facile, mais il suffisait de se raccrocher aux petits bonheurs quotidien pour préserver le moral. Tapant des pieds sur les marches du perron pour s'enlever le surplus de boue, l'homme souffla la bougie avant de rentrer.

Au départ de l'humain, deux orbes d'un vert acide s'ouvrirent brusquement dans l'ombre de la haie qui bordait le chemin en terre. Reflets irréels des dernières lueurs du soleil, ils ne cillèrent pas et se contentèrent d'observer cette petite maison au toit de paille et aux murs mangés de mousse. Quant enfin le ciel distilla sa parure pourpre du crépuscule dans l'encre impénétrable de sa voûte étoilée, les yeux cessèrent de briller comme les feux follets empoisonnés au Marais Telmarhyon et n'arborèrent plus qu'un vague reflet verdâtre. Avec lenteur, les branchages remuèrent en un bruissement à peine audible tandis qu'une haute et imposante silhouette émergeait enfin de la haie pour longer le chemin. La lune se levait à peine alors que le crépuscule finissait de baigner l'horizon d'une vague teinte carmine, peignant les paysages désolés des Landes d'un camaïeu de gris propice à l'avancée du prédateur. Car il n'y avait nul doute à avoir concernant ce monstre haut comme un cheval dont les foulées élastiques couvraient plusieurs mètres à la fois. Son long museau, ses oreilles pointues, sa fourrure enténébrée ou encore sa queue touffue... la bête qui terrorisait les Hommes depuis la nuit des temps approchait de la ferme sans faillir. D'un seul bond, il eut tôt fait de franchir la clôture en barbelés et sans ralentir il gagna l'entrée de la grange. Immobile devant les portes, ses yeux se baissèrent sur la serrure et un frémissement dans ses babines forma le long de son museau l'ombre d'un étrange sourire.

- Tire la chevillette, la bobinette cherra...

La voix rocailleuse provenait de l'animal, dont le rictus s'accentua tant et si bien que les crocs se révélèrent sinistrement. Si aucun animal ne pouvait forcer l'entrée dans la grange et si seule l'intelligence humaine pouvait actionner l'ouverture des portes, la bête dans son inimaginable existence combina l'impossible et ce fut donc avec une délicatesse détonante pour cette silhouette sauvage qu'il attrapa la chevillette dans son immense gueule et tira sur la corde pour que le loquet s'ouvre. Avec tout autant de précaution, il relâcha le mécanisme et tendit une patte antérieure pour venir glisser ses griffes dans l'écartement des planches avant de tirer pour s'offrir une ouverture propice à sa large carrure. A peine eut-il mit les pattes dans la grange que l'odeur lourde du bétail vint chatouiller son museau, dont la truffe remua frénétiquement pour ne rien perdre de ce délice. Il y avait l'âcreté de l'urine et du crottin, le douceâtre parfum de la sueur animale, la sécheresse d'une paille battue par les sabots et l’exquise métallique fragrance du sang. Une chèvre venait-elle de mettre bas ? A l'idée de se repaître d'un tel festin, l'estomac du Loup se contracta alors qu'un surplus de salive inondait la gueule et venait faire sortir la langue en un halètement affamé. Après une longue semaine de jeûne et des heures entières à guetter ce couple d'humain, la faim qui cisaillait ses tripes allait disparaître. Les yeux d'un vert anisé scrutèrent la pénombre de la grange, cherchant l'enclos du bétail avec avidité. Quand enfin elle eut trouvé ses proies, l'immense bête pénétra dans le bâtiment de quelques foulées avant de se figer. Un coup d’œil par dessus son épaule sembla la faire hésiter et elle engagea aussitôt un demi-tour afin de venir refermer les doubles portes. Hors de question d'être dérangé en plein repas par un fermier fou de rage !

Un bêlement lui fit tourner les oreilles vers l'arrière et le Loup cessa d'encombrer l'entrée avec quelques meules de foin qu'il transportait dans sa gueule. Les chèvres venaient-elle enfin de sentir sa présence ? Il était temps ! Mais les bêtes de troupeaux étaient stupides, asservi par l'Homme de sorte que tout instinct de survis leur avait été ôté au fur et à mesure des générations. Une aubaine pour lui en tout cas, s'offrant la chance d'obtenir de temps en temps quelques repas faciles. S'il ne fallait pas abuser de cette opportunité, la faim finissait cependant par le pousser au vice d'une chasse sans efforts. Un autre bêlement le fit se tourner pleinement vers l'enclot des chèvres et il approcha des créatures massées dans un angle en se léchant les babines. Il ne fallait pas trop traîner car si ces stupides bestioles se mettaient à faire trop de raffut, tout le voisinage allait se ramener avec des torches et des fourches. D'un coup d’œil aguerri, la bête jaugea la douzaine d'herbivores et enjamba sans peine la basse clôture qui la séparait de ses proies. D'une patte, il écarta le seul bouc pour venir ensuite écarter une femelle terrorisée afin de pouvoir happer dans sa gueule le corps tremblant du chevreau. La pauvre créature était si petite qu'il ne fallu que deux coups de dents pour pouvoir l'avaler ! Savourant le flot de sang et de chair coulant dans sa gorge, l'immense prédateur laissa filer un grognement de plaisir qui, par son incongruité, déclencha une panique générale parmi les chèvres jusque là tétanisées de peur.

- Praiseach !

Les oreilles plaquées sur l'arrière et les babines retroussées, l'immense loup rentra la queue entre ses postérieurs et abaissa l'échines dans une posture de surprise et de frousse. L'exclamation lui avait échappé, affolant davantage encore le bétail qui n'assimilait pas cette voix humaine au prédateur qui les surplombait. Elles bondissaient dans tout les sens, se bousculaient entre les pattes du loup et venaient donner des coups de sabots et de cornes dans l'enclot pour essayer de s'enfuir. Ça bêlait à s'en rompre les cordes vocales et le vacarme était tel que la Bête tétanisée au milieu de ce capharnaüm fut incapable d'entendre venir le fermier. Jusqu'au moment où l'homme força l'entrée encombrée de meules de foin, le loup resta à contempler l'hystérie générale avec stupéfaction. Cependant, le hurlement humain qui lui vrilla les oreilles suffit à le tirer de son état dubitatif et d'un geste brusque la Bête fit face à l’intrus. Puisqu'il n'était plus question de jouer la discrétion, le prédateur retroussa les babines dans un grondement sauvage qui fit vibrer son large poitrails. Planté sur les quatre pattes, la queue droite et les oreilles couchées dans une posture défensive quoique clairement agressive, il se lécha nerveusement le bout de la truffe sans desserrer les mâchoires. Ses crocs étaient proportionnels à sa taille et les canines recourbées vers l'extérieur étaient longue comme la paume d'un humain, pouvant déchiqueter à peu près n'importe quoi. Mais l'animal ne souhaitait pas dévorer l'homme aussi il se contenta de faucher la première chèvre qui lui passa sous la gueule et s’élança droit vers la sortie par de longues foulées.

A peine un mètre avant de percuter le fermier, le loup se massa dans un dérapage pour effectuer un saut spectaculaire et pu s'enfuir de la grange sans commettre le moindre mal à ce pauvre hère. Déjà qu'il venait de lui dévorer deux têtes de bétail ! Galopant sans demander son reste, l'immense Bête fonça au travers de la haie dans un vacarme de branches brisées et de feuilles froissées pour resurgir dans le champs voisin et elle continua sa course sans un regard en arrière. Il savait qu'aucun cheval ne pourrait le rattraper et que son endurance épuiserait  les hypothétiques montures lancées à sa poursuite. Aussi, lorsque River Halls ne fut plus qu'une vague lueur dans le lointain, le Loup se permit de ralentir la cadence et d'adopter un rythme qui lui permettrait de rejoindre la lisière des marécages de Telmarhyon avant le levé du jour. Son territoire s'étendait sur des dizaines et des dizaines de kilomètres, seulement il devenait de plus en plus difficile de chasser correctement et le cœur du Marais était bien trop dangereux par nombre d'aspects. Un loup solitaire, même avec sa taille et son intelligence, ne saurait faire de vieux os là bas, aussi il lui fallait pousser toujours plus loin en direction des habitations humaines... prenant le risque d'être découvert et pourchassé. Quand enfin la créature croisa son premier marquage olfactif, elle passa de la course au petit trot paisible et bifurqua en direction d'un pic rocheux émergeant à quelques centaines de mètres des cimes. Dans sa gueule, la chèvre recommença à gigoter et il suffit d'un grondement pour la faire tenir tranquille.

Quand bien même il s'agissait de son territoire, la prudence était de mise en ces lieux sombres, humides et particulièrement hostiles. Que ce soit la faune ou la flore, il y avait toujours un risque pour que le prédateur devienne la proie de quelque chose d'encore plus terrible. Baissant la tête pour ne pas se prendre le museau dans les filaments de quelques mousses espagnoles flottant au vent comme des rubans blanchâtres étiolés sur les branches, il observa le sol spongieux qui se déroulait devant ses pattes. Le plus grand danger des marécages provenait des sables mouvants et des étangs saumâtres renfermant des vers nécrophages pouvant parfois atteindre la taille d'une carriole. Mort par suffocation et noyade ou dévoré vif par des saloperies gluantes... tout poussait à redouble de prudence. Malgré la courte distance qui le séparait de sa tanière, il fallu près de vingt minutes au Loup pour atteindre l'immense rocher. Plus d'une fois forcé de rebrousser chemin, il avait veillé à brouiller ses pistes avant de finalement trouver une piste suffisamment sèche et solide pour s'y aventurer. D'un bond puissant, la bête quitta le sol détrempé pour atteindre une corniche à trois mètre de hauteur, de là, il se faufila dans la fissure écharpée de la face Ouest du rocher et rampa à demi jusqu'à atteindre une grotte naturellement formée par un ancien écoulement d'eau depuis longtemps asséché. Les marécages évoluaient sans cesse, grappillant des mètres de terrain tout les ans, aussi les courants d'eau et les marres déviaient et se modulaient au fil du temps. La chance avait voulu qu'une grotte devienne accessible et vivable pour une bête de sa stature, lui offrant une protection inespérée dans un tel lieux.

- A chable...

La bouche pleine, son élocution fut compliquée aussi il recracha enfin sa proie qui resta prostrée sur le flan. Les yeux exorbités, la chèvre haletait frénétiquement et tremblait de la tête aux sabots. Son pelage trempé de bave était parsemé de sang là où les crocs du Loup avaient écorché son cuir. Avec le prédateur le surplombant, le pauvre herbivore n'osait pas broncher d'une oreille mais quand la gueule hérissée de crocs s'approcha de sa gorge gracile, un bêlement viscérale lui échappa :

« Nêêê mêêê mange pas ! »

Le Loup se figea de stupeur et ouvrit de grands yeux ronds. Les oreilles redressées et les babines gonflées de sorte à ce que ses vibrisses se courbent vers l'avant, il referma lentement la gueule et contempla la chèvre recroquevillée avec la tête passée sous une patte postérieure. Planté sur ses appuis, poitrail gonflé mais la tête baissée pour être au niveau de sa proie, il la contempla de longues minutes, abasourdit par le flot d'empathie qui effleurait sa conscience et qui venait de lui traduire le cri déchirant du pauvre herbivore. Finalement, il se laissa lourdement tomber sur le sol et croisa les pattes avant pour y appuyer l'extrémité de son museau en une posture dépitée. Couchant les oreilles et plissant les babines en un pli amer, le grand loup ferma les yeux et poussa un profond soupir.

- Cúrse ár ðøm ! Je déteste lorsque la nourriture me parle...

Un long et lourd silence s'éternisa dans la grotte tandis que la chèvre maintenait sa posture recroquevillée et que l'immense Bête digérait l'ironie de sa situation. Les raisons qui le poussaient à dévorer les troupeaux étaient, au delà d'un simple attrait de facilité, que le bétail se révélait suffisamment stupide pour lui éviter ce genre d'incident. Après tout, manger un animal qui pouvait parler la même langue que soit, ça avait tendance à  refiler des haut-le-cœur à la pauvre Bête. Pourtant son ventre creux et ses côtes saillantes réclamaient de quoi se remplumer ! Avec un claquement de langue agacé, le Loup ouvrit ses yeux aux reflets acides pour contempler la pauvre petite chèvre tremblante. Ses oreilles pointues se redressèrent afin de pleinement capter les moindres sons en provenance de la silhouette terrorisée, tandis que sa truffe remuait de droite et de gauche pour capter le parfum alléchant du sang et de la peur. Peut-être qu'en la croquant tête la première, il aurait moins de scrupules ? Cependant, l'occasion était trop bonne pour la laisser filer : avoir un auditoire pouvait chasser la solitude qui pesait sur ses épaules depuis bien trop longtemps. Aussi il releva la tête pour surplomber l'herbivore et prit une profonde inspiration avant de déverser le flot de toute sa rancœur.

- Crois-tu que je sois un animal comme toi !? Tsah ! Ce serait une grave erreur. Je suis un homme, petite chèvre ! Je suis un grand sage piégé dans la peau d'une Bête par le malheureux concours de quelques sinistres circonstances... Vois-tu, j'étais un vénérable Ðraøi moi !

Le mot vibra dans l'air, réveillant dans l'esprit de la chèvre un ancien savoir imprimé jusque dans ses gênes. L'antique magie fonctionnait par les mots véritables, ceux de la Création et qui pouvaient faire ployer la réalité au bon vouloir de ceux qui les maniaient. Cependant, cette puissance avait provoqué le déclin de ce savoir, oublié au fil des siècles puis définitivement perdu par les plus jeunes générations. Les mots perdaient de leur essence lorsqu'ils étaient piégés sur des lignes d'écriture et les savoirs transmis oralement finissaient toujours par s'étioler... notamment les Celtes persécutés par le christianisme. La chèvre, donc, releva vivement la tête et observa de ses yeux jaunes la sombre silhouette qui la dominait sans plus ressentir la moindre peur. Pourquoi devrait-elle s'inquiéter si ce loup se présentait comme un Druide ? Dans son esprit manichéen, il n'y avait aucun danger à le côtoyer. Le mot imprimé dans sa mémoire annihila toute peur, du moins tant qu'aucun mal physique ne lui était encore fait. Ce revirement de situation fit bondir le Loup sur ses pattes et il retroussa les babines dans un rictus sauvage et jubilatoire. Le traits sombre de ses lèvres trancha sur l’ivoire de ses crocs, la salive venant perler ses vibrisses alors qu'il haletait, soulevant ses flans trop maigres par vagues saccadées. Son épaisse fourrure se gonfla d'excitation, créant un nuage de poussière et fit danser autour de sa haute silhouette un bref fourmillement de puces.

- C'est ça ! C'est tout à fait ça, stupide créature !!! N'ai pas peur de moi, réveil toi à la Seán Ðraíøcht ! Ahahaha !!! Tu t'en rappel, n'est-ce pas !? C'est inscrit dans tes gênes, c'est marqué au fer blanc dans ta ridicule petite cervelle d'herbivore ! Malgré tout ces siècles d'abrutissement humain, les Fhøcál ne s'effacent pas !

L'exultation lui faisait écarquiller les yeux, le blanc injecté de sang et les pupilles dilatées donnant à son regard ignoblement humain des lueurs fanatiques. Ses griffes raclèrent le sol en pierre, ses muscles puissant frémirent sous la fourrure, faisant jouer les contrastes sombre de sa pelure rongée par la misère. Inconsciemment, sa longue queue touffue se mit à remuer de droite et de gauche alors qu'il parlait en ouvrant et refermant sa gueule hérissée de crocs, postillonnant dans son excitation. A bout de souffle, il garda la langue pendue en haletant plusieurs secondes, savourant cette étincelle de pouvoir qu'il avait pu goûter l'espace d'une seconde. Mais devant l'air parfaitement stupide de la chèvre, sous son regard terne et abrutis, la jubilation de cet instant prit des goûts amers pour la Bête qui se détourna pour faire les cents pas dans la grotte. Les oreilles baissées, les babines à nouveau pincées vers l'avant et le museau froncé de dégoût pour sa condition, le grand Loup s'arrêta contre l'arrête acérée d'une excroissance rocheuse et se gratta furieusement l'échine pendant plusieurs minutes.

- Je n'ai pas toujours eut cette apparence. Lorsque j'ai ouvert les yeux sur ce monde, j'avais le corps d'un humain ! Mes parents n'étaient que des fermiers qui remuaient de la boue à longueur d'année, mais j'avais d'autres aspirations car la Nature m'avait doté d'un Don exceptionnel : je pouvais manipuler l'essence d'un élément. Ironie du sort, il s'agissait de l'élément de la Terre, comme si le labeur de mes parents avait incliné le choix du Destin ! Tsah... ça n'avait pas d'importance et dès que j'eus sept ans j'allais me proposer au grand recrutement annuel qui avait lieux à Teamhaìr Ná Rì, la colline des Rois. Il y avait plus d'une centaine d'autres hommes, mais tous savaient qu'il n'y en aurait pas même trois d'élus ! Pourtant ils attendaient et espéraient... Bien sur, avec les faveurs que le Ðagda m'avait accordé, je fus le premier à émerger de cette masse grouillante pour rejoindre l'Ølam !

Arrêtant de se frotter contre la roche, il s'ébroua avec vigueur et créa autour de lui une envolée de poils, de brindilles et de terre. Une vague odeur de vase mêlée au sang séché de quelques vieilles proies s'éleva dans la grotte à son remuage, incommodant la chèvre qui bêla d'inquiétude avant de se rasséréner en ne voyant venir aucun prédateur. Puisque le Loup n'était plus un danger pour son esprit limité, elle se permit de régurgiter un peu d'herbe depuis son estomac se mit à la mastiquer paresseusement. Immobile près d'elle, le sombre prédateur l'observa avec dégoût et détourna la tête en fronçant le museau, un bout de langue pincée entre ses dents du devant. Ce petit interlude lui rappela combien il allait être important de retirer l'estomac et la bile avant de croquer dans la chèvre. Un instant silencieux, il écouta le grincement des mâchoires de l'herbivore, le bruit de leurs respiration et le lointain sifflement du vent à l'entrée de sa grotte. Il ferma finalement les yeux pour replonger au cœur de ses souvenirs :

- Devenir un véritable Ðraøi... Au temps de ma jeunesse, il s'agissait d'un rang bien supérieur à tout autre. Et lorsque je parle de mon enfance, petite chèvre, j'entends parler de la glorieuse époque Celte, au cœurs des Highlands de mon pays natal : l'Irlande ! Avant même que le christianisme ne ravage Rome et la Gaule, avant l’évangélisation de nos terres par Saint Patrick, avant que les vikings ne viennent saccager nos rivages et ne provoquent de nombreuses guerres dont celle Ô glorieuse de Clántarƒ. Je vivais avant que le Christ ne pousse son premier cri ! J'entamais mon apprentissage alors qu'il tétait encore au sein de sa Vierge de mère ! Tsah ! Ce bâtard orgueilleux... il aurait mieux valu qu'il reste cloué à sa croix ! Notre peuple n'aurait pas tant souffert s'il avait eut la décence de mourir.

Le loup massif secoua la tête de droite et de gauche, les poils hérissés tout le long de sa colonne vertébrale. Il gronda de colère et de frustration puis se mit à gratter furieusement le sol de pierre à l'aide de ses pattes antérieures, les griffes s'écaillant et les coussinets s'écorchant sans que la douleur ne semble le calmer. Ce ne fut que lorsqu'il fut à bout de souffle, et seulement à cet instant, qu'il sembla retrouver une certaine maîtrise et pu faire face à la chèvre sans éprouver le besoin viscérale de la déchiqueter. Non pas qu'il eut faim, mais la violence qui bouillait dans ses veines réclamait de quoi se satisfaire. Le christianisme était un sujet tabou, un rappel cuisant de la Purge de Salem et de toutes les atrocités commises par l'Église en l'honneur de leur messie. Le sujet n'était qu'une porte ouverte à de bien sombres souvenirs qui plongeaient le sorcier en une terrible colère teintée de la mélancolie de tout les êtres chers perdus au fil des siècles sur l'autel d'une religion barbare. Les babines retroussées au point que les gencives rouges se dévoilent, il éructa de haine :

- Non non non ! Je te parle de l'Age d'Or Celtique... Nous étions les fiers enfants des Milesiens, mais quand bien même nos ancêtres avaient combattus et vaincus les Tuatha Ðé Ðanann, nous continuions à les vénérer. Ils vivaient dans le Sidh, mais résidaient en nos cœurs ! Nous étions invincibles ! Du moins, telles étaient jadis mes croyances.

Les derniers mots furent prononcés avec rancœur et toute la colère de l'immense Bête sembla retomber, drainant l'énergie déployée jusqu'à présent. Avec des gestes raides, comme si ses articulations le faisaient souffrir, le Loup s'allongea au sol et vint rabattre sa longue queue touffue contre son flan. Sa tête oscilla de droite et de gauche, comme bercée par les souvenirs qui affluaient en sa mémoire millénaire. Ses babines se retroussèrent en un long et vague sourire, déformant le masque labial gris en une grimace dépitée. Il ferma les yeux et souffla d'une voix rocailleuse :

- Je me souviens qu'à cette époque les Ðraøi avaient un droit de parole avant le Roi. Nous étions l'intermédiaire entre les Dieux et les Hommes. Nous nous devions d'être irréprochables car nous enseignions l'immortalité de l'âme. Aha ! Nous avions un droit de vie ou de mort sur tous, même sur le Roi et nous étions tellement plus... L'on nous respectait et pourtant les gens n'éprouvaient pas de crainte à nous côtoyer car nous étions justes et aveugles aux bassesses humaines. Nos profits ne comptaient pas et seul importait l'équilibre politique ou militaire de l'Irlande. Seul comptait nos terres et le sacre du Nemeton.

La Bête rouvrit ses yeux au vert empoisonné, le noir de la pupille pulsant d'une sorcellerie enchaînée par la peau de Loup, par une magie corrompue et tortueuse qui forçait l'humain à revêtir l'apparence d'un monstre. Ses yeux s'étrécirent d'un relent de colère, ses muscles puissant frémirent sous la fourrure pouilleuse et souillée. Pourtant il ne bougea pas plus, statue d'onyx taillée dans la pénombre ambiante, gargouille grimaçante qui toisait la chèvre innocente à quelques mètres de là. Sa gueule s'entrouvrit, laissant voir autant ses crocs luisant de bave que sa langue recourbée sur l'intérieur pour ne pas pendre et saliver. Un rire profond secoua la grande carcasse.

- Oooh je me souviens aussi du déclin de notre caste. A cette époque cela faisait déjà près de quatre siècles que je foulais la terre d'Irlande. J'avais assisté à la naissance, puis à la mort de plusieurs grands Rois sans que notre île n'ait à souffrir du christianisme qui ravageait les autres pays. Je portais fièrement la plus haute distinction de ma caste : la branche d'or. Car après douze années d'apprentissage, j'avais dépassé le stade du føchløcøn pour devenir un véritable Ølam ! Je connaissais plus de quatre cent Histoires et j'avais tant de connaissance... Cependant, il fallu qu'un seul évangile ne se présente en nos frontières pour que tout s'écroule ! J'ai vu mes croyances balayées, tournées au ridicule. J'ai vu mes villages se faire incendier, les miens se faire décapiter, brûler vif pour sorcellerie... Quelle sorcellerie !? Nous étions des hommes de savoir et d'apprentissage ! Nous n'étions que les portes paroles de nos Dieux...

Le Loup ferma douloureusement les yeux et coucha les oreilles de sorte à les plaquer sur son encolure. Il croyait encore entendre les cris et les suppliques des siens, le brasier de milliers de feux engagés sur les places saccagés des villages pillés. Un bas gémissement lui fit vibrer la cage thoracique, puis il vint poser le bout de son museau au croisement de ses pattes antérieures. A demi, il rouvrit les yeux pour ne laisser briller qu'un filet anisé, les yeux emprunt d'une mélancolie poignante.

- Et tout ça n'était que le Prélude à Salem... Lâchement, je me suis enfuis pour gagner des territoires loin au Nord, fuyant l'avancée du christianisme comme s'il s'agissait de la Peste Noire. Je n'avais pas peur de mourir, car alors j'aurais rejoins Ðagda dans le Siðh, mais il fallait que je préserve à tout prix le Savoir qui était le mien. Je possédais à cette époque la Seán Ðraíøcht ou la Vieille Magie comme on l'appel de nos jours, il s'agit entre autre chose du pouvoir des mots et en tant que vénérable ðraøi, il m'était impossible de transmettre par écrit mes connaissances. Tsah ! Avec du recule toutes ces coutumes furent les causes d'un véritable gaspillage culturel, mais à l'époque j'étais persuadé d'avoir raison et d'agir de la meilleure façon qui soit !

Son pelage fut pris de quelques spasmes au niveau de l'épaule, son cuir agacé par les puces qui grouillaient sous l'épaisse sous-toison laineuse de son pelage. D'un geste vif, le Loup fourragea le museau dans la fourrure et se mordilla rageusement la peau pour tenter de chasser les picotements. Renâclant avec bruit à cause de sa truffe retroussée dans l'action, il ferma les yeux et ne pu s'empêcher de remuer un peu les pattes postérieures lorsqu'il trouva enfin la zone qui le démangeait tellement. S'arrêtant avec un soupir d'aise, il se lécha les babines puis secoua un peu la tête pour émerger du brouillard de bien être qui l'envahissait sous l’accalmie imposée à ses parasites. Pour quelques minutes, les puces allaient se tenir tranquille.

- Où en étais-je ? Ah oui... Ma fuite au travers de l'Europe. Elle débuta en la moitié du quatrième siècle, presque dix ans après le retour de Saint Patrick sur nos terres. J'ai commencé par les pays du Nord, évitant soigneusement la Norvège et son lot de viking pour revenir vers le cœur du vieux continent et espérer trouver dans les campagnes de l'Est un havre de paix. Mes connaissances générales pourraient alors me servir et j'espérais grappiller quelques décennies loin de l'essors gargantuesque de l'Église. Et c'est ce qu'il se passa,  du moins pendant les premiers siècles. Je vivais alors sous de fausses identités, changeant de pays à chaque génération afin que le secret de mon immortalité ne soit pas découvert. J'eus la sagesse de ne pas m'enticher de quelques mortelles, ayant à l'époque déjà plusieurs siècles, j'avais appris à fermer mon cœur à toute sources de passions charnelles. Je ne pouvais prendre le risque d'avoir une descendance, de plus la perte d'un être cher emporté par la vieillesse est une douleur que je ne souhaiterais, encore aujourd'hui, ne jamais plus éprouver.

Le grand Loup s'octroya une pause, prenant le temps d'étouffer les braises d'une vieille passion qui parfois accélérait encore les battements de son cœur élimé. Il se souvenait de cette humaine et de l'amour courtois qu'il lui avait porté avant de devoir quitter l'Irlande. Un lourd soupir secoua ses épaules et il finit par se relever péniblement, étirant ses muscles engourdis avant d'approcher de la chèvre. Il posa un regard sombre sur l'herbivore qui leva la tête dans sa direction, continuant de mastiquer son herbe rance. Avait-il fini de monologuer et pouvait-il passer au repas ? Non... La rancœur était encore trop grande et il n'en avait pas assez de parler, même s'il n'y avait que son écho pour lui répondre. Après tout, la chèvre ne servait que de catalyseur à l’abcès qui rongeait sa conscience depuis des décennies. Il reprit d'une voix grave, s'asseyant dans une posture raide alors que son récit approchait d'un aspect bien plus désagréable de son passé.

- Quoiqu'il en soit, l'Europe de l'Est fini par être envahit non seulement par l'Église, mais pire encore : par les Vaimpír. Ces rascasses se mirent tellement à grouiller que je fus forcé de quitter mon havre de paix pour trouver refuge en Bretagne, dernière demeure Celte que j'avais trop longtemps dédaigné par fierté. Nous étions alors au milieu du huitième siècle et la dynastie Carolingienne entamait son règne sur le pays Franque après avoir destitué les Mérovingiens suite à de longues et sanglantes guerres qui avaient affamé toute l'ancienne Gaule. Je traversais des villages en famine, me cachais de soldats jusqu'à approcher des forêts de chênes qui me rappelèrent mon enfance. Il me suffit de sortir ma branche d'or pour que l'on m'offre une place auprès du dernier grand chef gaélique de la région. Conforté par la présence de mes cousins, je décida pour la première fois de m'engager dans un combat visant à préserver la liberté de nos croyance et de nos mode de vie...

La Bête renâcla de dédain, les oreilles basse et les yeux clos. Son museau pointait vers le bas, les pattes antérieures raidis de colère. Sa queue jusque là étendue au sol se mit à battre la cadence des pulsations de son cœur échauffé par le rappel des guerres qu'il avait contemplé et orchestré dans l'ombre du Chef gallois.

- Quelle folie de ma part ! Nous avons perdu, comme tu t'en doutes. Pas même une année après le début des hostilités, Pépin le Bref marcha victorieux sur Vannes et ce fut un nouvel exile pour moi. Il m'était cependant impossible d'aller vers le Sud puisque les Arabes contrôlaient les régions frontalières et je ne pouvais revenir dans l'Est de l’Europe car les Saxons entrèrent peu de temps après en guerre avec l'héritier de Pépin le Bref : Charlemagne. L'Europe baignait dans le sang et puait la mort ! Je fus contraint de remonter sur l'Irlande et d'abandonner au fond d'un coffre la branche d'or et la cape rouge de ma caste. Je ne pouvais plus prétendre au titre de ðraøi et me contenta d'exercer comme juriste pendant un temps. Mon pays était en proie aux Vikings et plutôt que de préserver la culture gaélique, je me tournais vers les peuples dominant nos terres dans la perspective tout à fait hypocrite de survivre à mon temps. L'échec cuisant de la Bretagne m'avait suffit.

La honte cuisait encore au fond de son cœur et le Loup immense se racla la gorge avant de venir frotter une patte antérieure contre son museau. Il profita de chasser une croûte de boue pour se redonner confiance et pu ainsi poursuivre son récit sans trahir le tremblement de sa voix :

- Par ma lâcheté j'eus la chance de vivre assez longtemps pour assister à la construction de Dublin dans la fin du neuvième siècle. Les décennies suivantes furent paisibles, je parvins aisément à dissimuler ma nature d'immortel grâce à quelques tours de sorcellerie et je fus à même de m'acheter un petit domaine perdu sur les hautes falaises de Møher. Un véritable oasis loin des la masse grouillante d'humains, je pouvais m'y reclure pendant des décennies, vivant de ma propre chasse et cueillette sans que personne ne vienne me déranger. Ce fut dans une de ces périodes d’ermitage que j'observais de loin la magnifique bataille de Clántarƒ qui permit de nous affranchir du joug scandinave. Malheureusement il ne fallu pas cinquante ans pour que les anglo-normand ne débarquent sur nos rivages et ne viennent prendre Dublin ! Ces chiens osèrent même proclamer leur Roi Henri VIII monarque de l'île au début du seizième siècle... n'en pouvant plus, je quittais à nouveau ma terre natale pour embarquer sur les premiers grands navires en partance pour le Nouveau Monde.

Tressaillant, la Bête grogna et courba son échine sur la gauche de sorte à pouvoir se gratter avec vigueur la nuque à l'aide d'une de ses pattes postérieure. Les yeux clos, la tête renversée en arrière et les oreilles pointées vers l'avant, il agita violemment sa patte pour que les griffes écaillées traverser l'épaisse fourrure de son collier et vienne gratter son cuir rongé de vermines. Il y passa cinq bonne minute, dodelinant sa grande tête d'un côté ou de l'autre pour n'épargner aucun espace sur sa nuque. Sa silhouette s'auréola de poussière, des brindilles et du gravier boueux volèrent ici et là, dénichés de sa fourrure par les grandes secousses qu'il s'infligeait de la patte. Lorsque enfin il fut satisfait et que les démangeaisons s'apaisèrent assez pour redevenir supportables, il s'allongea sur le flan puis se roula et se tortilla sur le dos pour parachever son épouillage express.

- Grmf... Je vais devoir prendre un long bain si je veux espérer passer la saison des pluies en paix.

S'immobilisant sur le dos, il écarta allègrement ses postérieurs pour laisser respirer son ventre dont la fourrure formait des paquets de poils emmêlés et collés par de la vase et de la boue. Repliant ses antérieur contre son thorax, il courba très légèrement son échine de sorte à pouvoir se maintenir dans cette position. Gorge déployée et museau à l'envers, il prit une longue inspiration avant de souffler en direction de la chèvre qui bêla mollement en toute réponse.

- Le Nouveau Monde. Une promesse pour un sorcier errant tel que moi et lorsque je mis pieds sur cette terre lointaine à peine marquée par les quelques pionnais déjà installé, je ressentis comme un malaise. Tu n'as pas oublié que j'avais le dons de la Terre, n'est-ce pas ? Et bien je ressentais la douleur de cette dernière jusque dans les Trames de la Seán Ðraíøcht. La magie qui modelait cette partie du monde était troublante de similitude avec celle de mon peuple. Grace à quelques recherches, j'appris que les amérindiens vénéraient les esprits-animaux, respectaient la Terre nourricière et érigeaient des totems en l'honneur de leurs esprits. Les Shamans vivaient en union avec la nature, servaient de pont entre les Dieux et les Hommes, connaissaient l'astrologie, l'herboristerie et d'autres connaissances et savoirs qu'ils ne transmettaient que de façon Orale.

Bien qu'il ait la tête à l'envers, le Loup retroussa les babines de dégoût, coucha les oreilles et gronda d'une colère sourde.

-Mais l'Église avait depuis longtemps souillé les lieux, massacrés les peuples et amputés les coutumes de tout leur sacre. Écœuré par la similitude qui unissait nos deux peuples, je refusais de m'engager à nouveau dans une cause perdue et décidait de retrouver les Sorciers qui s'étaient établis bien plus au Nord, le long de la côte Ouest. Il s'agissait de Salem Village et bien qu'il y ait des humains parmi eux, mes frères et sœurs de sorcellerie vivaient parfaitement à l'aise dans ce village prospère. Il y avait des scieries, des commerces florissant et d'immenses cultures et pâturages. J'y retrouvais quelques noms et visages que j'avais déjà pu croiser au court du millénaire passé et sans crainte je m'achetais une demeure, me forgeais une nouvelle identité et décidais de vivre en paix dans la promesse d'un Nouveau monde. Tsah ! Quelle ne fut pas ma naïveté. Il ne fallu pas même deux siècles pour que tout ne vire au cauchemars. De pauvres pintades se mirent à trahir notre secret par jalousies, des humaines dépourvues de la moindre étincelle de magie. Elles commencèrent à accuser des sorciers et des sorcières, clamant qu'ils œuvraient pour Satan... rien que ça !

La créature éternua à cause de quelques poussières au sol qui vinrent chatouiller sa truffe. Manquant de s'assommer tant il remua la tête dans son éternuement, le Loup jugea préférable de revenir à une posture moins dangereuse pour la survie de ses neurones. Roulant sur le flan gauche, il replia les pattes sous lui en une posture de sphinx et releva la tête pour contempler la chèvre qui n'avait pas cessé de ruminer bêtement.

- Que ce soit vrai ou non ça n'avait pas d'importance. Vois-tu, à cette époque l'Obscurantisme avait tôt fait de se propager dans l'esprit de quelques pionnais isolés, en proie à la peur du siège constant que les amérindiens leur imposait. Aussi les accusations furent un réel exutoire à leurs frayeurs et l'affaire prit des propensions ridicules, s'étendant sur plus de quinze autre communautés dont Manchester et Boston ! Ah... Tu ne dois pas connaître, hein ? Brave bête, tu ne perds pas grand chose va ! Quoiqu'il en soit, nous étions tous piégés et la peur se fit maîtresse de nos actes. Malheureusement les bûchers commencèrent à flamber, puis les pendaisons et même quelques lapidations. Nous, Sorciers, avions eut l'orgueil de nous croire intouchables si nous vivions tous ensemble, mais notre faiblesse nous poussa à accepter quelques adeptes humains qui se retournèrent contre nous. Certains mages virent même leurs femmes et leurs enfants les pointer d'un doigt accusateur pour s'éviter l'emprisonnement ! Nous étions au bord de l'anéantissement...

Lentement, il ferma les yeux aux souvenirs douloureux qui affluaient en sa mémoire. La Purge de Salem était un événement terrible qui avait signé l'exile de pratiquement toute trace de sorcellerie sur Terre. Cependant, grâce à un Bâtisseur du nom d'Iclésius, il leur avait été possible de survivre, d'éviter un Génocide. Progressivement, comme une hémorragie d'un Plan à l'autre, ils s'étaient déversés dans ce Monde Neuf, fuyant la Terre pour se réfugier en un lieu taillé à la mesure de leur besoins surnaturels. Oh ils ne furent pas les seuls à fuir la folie des Hommes, d'autres peuples profitèrent de l'occasion inespérée pour s'incruster et même s'ériger de nouveaux territoires. La cohabitation s'annonçait houleuse, mais au moins ? Au moins, ils étaient « entre eux » : tous des monstres, tous des êtres constitués de magie et de merveilleux. Nés de légendes, modelés par des Dieux ou encore engendrés par des novas magiques à la création des Plans d'existence, toutes les créatures qui fuyaient la Terre trouvèrent un Havre et une raison de vivre en ce lieu offert par la Guilde des Bâtisseurs.

- Pour ma part, j'étais complètement désœuvré. Écœuré par le peu d'emprise que j'avais sur ma vie je décidais d'abandonner le chemin qui m'avait tant déçu jusqu'à présent pour embrasser une Voie qui me paraissait bien plus prometteuse. De la Lumière des Druides, de l'Ombre de mes divagations dans le Monde, j'optais enfin pour l'embrassement des Ténèbres en la représentation sublime et venimeuse de Maryssa. Cette sorcière me fascina dès notre première rencontre, autant par son regard lustré d'une douce folie que par la longueur de ses jambes et le double argument de sa gorge généreuse ! Tsah... Plus sérieusement, cette femme m'avait envoûté de belles promesses et sa puissance ne semblait pas pouvoir connaître de déclin. Après la perte de l’Irlande, le saccage de la Bretagne, l'agonie des Amérindiens et la Purge de Salem... que me restait-il !? J'étais usé par des siècles de déceptions, de fuite et de deuil. Je n'en pouvais plus de devoir soutenir des causes perdues au nom de quelques croyances désuètes. Il me fallait autre chose ! J'avais besoin de me sentir utile, de me savoir vivant !!!

Le grand Loup se releva, le corps frémissant et il gonfla le poitrail avec défis, courba la nuque pour coller le museau à sa gorge, il releva la queue, hérissa le poil de son dos et écarta les pattes en une posture de dominance.

- J'étais Ø'Shæ Callághan, je maniais la Seán Ðraíøcht et je pouvais plier les roches à ma volonté ! J'avais survécu à toutes les guerres et j'avais traversé deux Océans, parcouru des dizaines de pays et des milliers de villes ! J'avais ma place auprès de Maryssa, je pouvais me bâtir une nouvelle réputation et faire naître l'envie, mais surtout le respect chez mes pairs. De nouveaux plans s'ouvraient à ma soif de connaissance et de conquête... J'étais... Terriblement orgueilleux.

Petit à petit, il quitta sa fière posture alors qu'il tremblait aux souvenirs qu'il n'osait encore avouer à voix haute. Ses oreilles tombèrent sur les côtés, sa truffe se baissa plus bas que son thorax et ses postérieurs fléchirent pour abaisser son échine avec soumission. Sa queue se glissa entre ses jarrets, accablant sa silhouette massive d'un aspect misérable. Mais ne l'était-il pas de toute façon ? Combien même il était doté de sens sur-développés, d'une puissance impressionnante et d'une vive intelligence, le Loup savait qu'il n'était qu'un monstre. Un bâtard qui ne possédait que le minimum de ses deux ascendances, une aberration de la magie.

- J'ai pêché d'orgueil et vois à présent ce que je suis. J'ai usé de la Seán Ðraíøcht pour de mauvaises raisons, j'ai craché sur les notions même qui m'avaient formé à son utilisation la plus pure. De toutes les erreurs commises dans ma longue vie, celle là fut la plus grande. Par orgueil je décida de commettre un acte ignoble : je réquisitionnais dans les meutes de Maryssa un lycanthrope Alpha de pure souche et attendis qu'il se transforme un soir de pleine lune afin de pouvoir l'écorcher vif et ainsi récupérer sa fourrure. Je souhaitais l'ensorceler et obtenir un artefact dont la puissance résiderait dans le pouvoir de changer mon apparence. Grâce à cette cape magique, j'aurai du avoir la possibilité de devenir un loup magique, crépitant de sorcellerie, éveillé d'une conscience humaine et capable de manipuler la magie comme un sorcier à part entière ! Seulement... Ah, Ðagda su me punir de la plus juste mais cruelle des façons ! Alors que je croyais avoir réussi mon long et épuisant rituel, j'enfilais sans crainte la lourde pelisse pour l'essayer immédiatement. Oh je me suis transformé en Loup gigantesque. J'ai senti la puissance des lycanthrope courir sur ma peau et me faire trembler d'une puissance que je n'avais jusqu'alors jamais goûté... mais ma Seán Ðraíøcht était corrompu par mon inclinaison aux Ténèbres et elle avait perdu en force. Confronté à la malédiction des Loup-Garous, je fut piégé dans cette forme et mes Pouvoirs furent scellés.

L'immense créature s'approcha de la chèvres pour la surplomber. Avec lenteur, il se mit à lui lécher la toison sur le dos et les flans, goûtant l'animal avec une résignation née de ses propos autant que de la faim qui lui tenaillait les tripes depuis des jours.

- Cela fait exactement deux cent cinquante ans que je suis piégé dans ce corps bestial. Plongé dans une solitude forcée, je n'ai que de très rares contactes avec le monde extérieur et chaque jour n'est qu'une longue lutte contre la malédiction qui courent dans cette fourrure. J'ai du fuir le domaine de Maryssa, car la Reine Noire ne supporte pas les échecs et la faiblesse de ses sujets. La colère des Lycanthropes me força même à me réfugier quelques temps sur Terre, provoquant en France de terribles ravages... Maudit jusqu'à la fin de mes jours, je me résigne à m'abaisser en des actes de bestialité pour survivre, dévorant de la chair crue, déféquant dans la nature et devant même parfois me lécher l'entre-jambe pour préserver un minimum de propreté. Je suis réduis à fuir les hameaux et River Halls, à ne plus goûter au confort et au luxe des humains...

La chèvre bêla, se laissant lécher sans broncher.

-J'en viens parfois à regretter de posséder une conscience humaine ! A te voir, il semble bien plus facile d'être stupide.

Avec un soupir, il bougea vivement sa gueule pour refermer ses crocs acérés sur la nuque du pauvre herbivore qui mourra sans même le réaliser. Proprement, son corps n'eut qu'un faible soubresaut avant de rendre son dernier souffle. Puis, dans une macabre symphonie d'os brisés et de chair déchiqueté, le Loup dégusta son repas.




Dernière édition par Callághan Ø'Shæ le Jeu 10 Avr - 23:21, édité 14 fois
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MessageSujet: Re: Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit   Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit EmptyJeu 3 Avr - 11:35

Bonjour Callághan,
Le délais de te fiche prend fin aujourd'hui, où en es-tu ? As-tu besoin d 'un délais supplémentaire pour la terminer ?
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Callághan Ø'Shæ



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MessageSujet: Re: Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit   Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit EmptyJeu 3 Avr - 18:59

Je ne dirais pas non à un petit délais supplémentaire. Smile
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Iclésius
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MessageSujet: Re: Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit   Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit EmptyDim 6 Avr - 14:34

- délais augmenté jusqu'au 10 avril.
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Callághan Ø'Shæ



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MessageSujet: Re: Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit   Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit EmptyJeu 10 Avr - 22:49

Et voilà ! A 10 minutes de l'Heure buttoir : J'ai finiiii !!! x_x
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Ilclaste Lane



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MessageSujet: Re: Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit   Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit EmptyVen 11 Avr - 17:59

OMG ... Je me suis foulé le doigt avec tout les coups de roulettes nécessaires pour remonter toute la longueur de ta fiche XD
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Callághan Ø'Shæ



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MessageSujet: Re: Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit   Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit EmptyVen 11 Avr - 19:47

Un bisou magique pour la peine ? *3*
Naaaan mais même moi je trouve que j'en ai trop fais... mais avec un perso vieux de 2 milles ans, fallait bien ça ! :')
Reste qu'à espérer que la longueur n'essouffle pas mon récit.
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Iclésius
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MessageSujet: Re: Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit   Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit EmptyDim 13 Avr - 22:05

Bonsoir Callaghan !
Après délibération du staff, j'ai le plaisir de t'annoncer que tu es validé ! Navré du retard, nous avons prit un peu de temps pour faire la nouvelle mise à jour. Sur ce, je te souhaite un bon jeu sur sanctuary =)
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Ilclaste Lane



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MessageSujet: Re: Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit   Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit EmptyDim 13 Avr - 22:16

Callághan Ø'Shæ a écrit:
mais avec un perso vieux de 2 milles ans, fallait bien ça ! :')
.

Je suis totalement d'accord avec toi ! En tout cas bienvenue en jeu ! Félicittion pour ta validation <3
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Callághan Ø'Shæ



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MessageSujet: Re: Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit   Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit EmptyDim 13 Avr - 22:22

Merciiii~ !
Entre poilus décharnés et pleins de puces, je suis sur que l'on aura l'occasion de rp ensemble ! *^*

Edit : J'ai compté 11 coups de roulettes pour remonter ma fiche ! x')
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MessageSujet: Re: Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit   Callághan Ø'Shæ - Sorcier maudit Empty

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