Une rencontre au poil.

Il faisait gris, comme souvent ... Même quand le soleil brillait, les docks restait sombres, ternes, fades.  Aujourd’hui  les nuages s’amoncelaient dans le ciel comme pour relever le défis de ne surtout pas laisser passer la moindre lueur filtrer.  Surgissant d'un recoin sombre Ilclaste, leva la truffe et huma l'air  fétide des alentours.
Son allure était celle d'un clébard miteux : sa fourrure ne brillait d'aucun éclat ,hirsute, et à certains endroits elle était même incomplète. Il avait la peau sur les os, et sa silhouette tranchait sur le fond gris des Docks. Des entailles à peine cicatrisées ici et là attestaient de quelques altercations avec des semblables...Oui, miteux en somme.

Il suivait une piste : de la nourriture, Il crevait de faim, et les rats étaient trop rapides pour lui...  Son pas las le mena vers une bâtisse. Par réflexe il retroussa les babines et grogna. Ses oreilles se figèrent, il ne perçu rien d'inquiétant, alors il s'avança vers la porte. Un vague souvenir le lui traversa la tête, une réflexion fugace :

*Il faut une main pour ouvrir une porte d'Homme*

Pensée et déjà oubliée, il appuya sa truffe contre l'ouverture qui, ho miracle, s'ouvrit. Il reste un instant hésitant devant cette ouverture, comme si il craignait un piège. Puis avance une patte... une autre. Il pénètre dans l'endroit, sur la pointe des griffes... Une odeur de bois usé. Une touche de moisissure. L'humidité. Parfum de femelle. Le cocktail assaille ses narines curieuses.

Un léger bruit, il se stop. Attend ... Ce n'est rien. Juste un craquement de la vieille maison.

Il suit l'odeur. Inspecte les meubles à sa hauteur.  Au fond de lui, une autre pensée, une autre réflexion humaine, s'éveille à cette inspection : il la refoule. Il est là pour la nourriture, et enfin il la trouve : sur table en bois sombre trône une largue miche de pain, et un bocal. Il se redresse, attrape le pain, et l'avale. La sensation de lourdeur dans son estomac le soulage. D'un coup de patte, il envoi valser le bocal qui se brise avec succès.
Il goût le contenu :

   
*Confiture*

Se rappelle-t-il. Autre chose lui revient :


*Attention au verre. Ça coupe*

Alors méthodiquement, malgrè son estomac qui proteste, il écarte du bout de la truffe les bouts menaçant de le blesser, et prendre garde à ne pas se couper dans sa gloutonnerie.

Longue journée.
Le travail de libraire n'était pas ce qui était le plus difficile... Non le plus était la chasse. Travailler la journée, chasser le soir, dormir une petite partit de la nuit. C'était un rythme épouvantable et c'est pour cela qu'en sortant du travail, Yzebel avait décider de rester au chaud chez elle ce soir. Lorsqu'elle rejoins les docks, ce quartier mal famé où tout était possible, la chasseresse éprouva néanmoins une certaine satisfaction. La vieille bicoque qui lui servait de logement était dans un coin reculer du quartier, loin des maison de passe. Bien placé, elle était au bord du fleuve, dans ce coin sombre et quasi désertique la nuit, cependant, une odeur répugnante de charogne et de poisson pourris régnait incessamment.

Entrant chez elle, la jolie brune lâcha un long soupira, poussant la porte avec son pied et retira son châle en laine. Dans son extrême fatigue, elle oublia simplement de fermer la porte à clé. Sur le coup cela ne sembla pas déranger et après avoir prit une simple tartine de pain rassit avec de la confiture en guise de repas, la chasseresse fila dans la pièce d'à côté qui faisait office de chambre et se laissa tomber sur son lit. Le lit en question était sans doute le meuble le moins abimé de toute la maisonnée qui était recouvert de poussière. Yzebel y passait tellement peu de temps qu'au fur et à mesure des années, la maison avait fini par tomber à moitié en ruine.

Au dehors, le vent souffla alors que la sorcière avait fini par s'endormir là, encore habillé. Brusquement, la fenêtre de la chambre s'ouvrit sous la puissance du vent et arraché Yzebel à sa torpeur. La sorcière se leva difficilement et se traina jusqu'à la fenêtre, la refermant rapidement alors que le froid s'engouffrait dans la pièce... Puis ce fut le bruit du verre brisé qui lui arracha un sursaut. Pivotant sur elle même, la femme resta immobile un court instant avant de venir ouvrir le tiroir de sa table de nuit et de sortit son fidèle pistolet à canon flûte. Silencieusement, elle s'avança doucement vers la porte de la chambre entrebâillée et l'ouvrit complètement, braquant son arme vers la silhouette sombre dans la cuisine.

Un chien.
Un très gros chien. La sorcière déglutit et observa la bête, gardant son arme pointé vers elle. Elle remarqua aussitôt la porte ouverte qu'elle avait oublier de fermé sous l'effet de la fatigue. Le pain avait disparu et la confiture en grande partie. Yzebel souffla, d'un côté rassuré car le quartier mal famé des docks comportait bon nombre d'individu au sales attentions, mais le pire restaient ses ennemis... bon nombre d'entre eux seraient prêt à tous pour se venger de la chasseresse. La belle abaissa son arme et pinça les lèvres. Gardant son arme en main, elle s'approcha doucement, méfiante.

"Qu'est-ce que tu fais là, hein ?"

Elle déposa l'arme sur la table d'un geste lent, au cas où. ces foutus chiens sauvage avaient parfois un comportement agressif et Yzebel préférait ne pas tenter le diable. Elle contourna la table et ferma la porte lui tourna le loquet avant de pivoter le visage pour fixer la bête.

"C'est vraiment parce que je suis trop crevé que je te fout pas dehors mon gros."

Ou pas. Alors que son regard se poser sur l'animal errant, son coeur se serra. Quelque chose en elle s'éveillait, un drôle de sentiment remplit de tendresse sans savoir qu'à cet instant, la bête jugeait en un clin d'oeil son coeur et son âme. Elle s'approcha et tendis la main pour caresser le pelage sombre de l'animal. C'était la première fois qu'elle voyait un chien avec une stature aussi impressionnante, pourtant, il n'avait pas l'air agressif. Elle esquissa un sourire et lâcha, grattouillant l'arrière de son oreille.

"Ouh le beau toutou... t'as vraiment de la chance que je sois pas sans coeur toi..."

Un bruit. Ilclaste pivota promptement. Une sorcière se tenait là, celle dont il avait senti l'odeur en entrant. Il la suivait du regard, méfiant.

Corruption.

Le mot lui avait sauté à l'esprit au moment ou cette évidence lui avait sauté aux yeux. Et alors, il sentit la magie faire son office. Satané tisseuse de lien... La sorcière approcha sa mai, il aurait dû vouloir la mordre, comme tous les humains étrangers qui posaient une main sur lui... Mais rien, il la laissa faire.
Son animalité recula. Elle rétracta. Son humanité, elle, revenait,  appelé par sa tâche. Sa situation lui apparu alors sous un angle nouveau : il était venu se remplir l'estomac de nourriture, mais c'était son coeur qui s'emplissait d'un sens aigu de devoir. .

Il eut brusquement un écart et un grognement d’apparat lui monta dans la gorge, comme si il venait tout juste de se rendre compte qu'il était contrarié par ces caresses. Il détourna la tête. Refusa de la regarder.

*Nourriture*

Se força-t-il a penser. Mais c'était inutile, il le savait. Le magie l'avait prise, et la magie ne le laisserait pas partir.

*Fin de la retraite...*

Murmura une voix railleuse dans le fond de cran. Avec un geste hésitant, il reporta son attention sur la sorcière, et presque immédiatement comme si sa vision lui brûlait les yeux, il détourna de nouveau son museau pour regarder ailleurs. Il se surpris alors à ressentir une puissante lassitude. Il était très fatigué, de corps comme d'esprit. Trop de famine. Trop de solitude.

Avec un soupir il s'éloigna, vaguement curieux de ce qui se trouvait dans la cuisine. Il vit là, un saucisson suspendu, et se lécha les babines en l'observant. Il était trop haut pour l'atteindre. Il étouffa un couinement de contrariété, et brusquement se mit à se gratter énergiquement l'arrière de l'oreille.

L'animal n'était pas prompt à recevoir de l'affection.
Yzebel s'en étonna et retira sa main vivement alors que le chien grogna et détourna le regard, elle ne comprit pas immédiatement qui était surtout occupé à se mettre quelque chose dans le ventre. Elle le regarda s'éloigner pour s'approcher d'un meuble auquel était suspendu un gros saucisson. Il gratta, malgré sa stature son corps n'était pas fait pour attraper quoi que ce soit à cette hauteur. Yzebel renifla faiblement et lâcha.

"Je vois... "

Elle soupira longuement, agacée de sa propre réaction. Car même si elle avait un minimum de coeur, elle n'était pas du genre à ramasser tout les animaux errant de la ville. S'approchant doucement, elle détacha le saucisson et s'assit sur la chaine, commençant à découper d'épaisse tranche à l'aide d'un couteau. Elle se maudissait intérieurement de sa faiblesse, mais il fallait avouer que ce soit avait une bouille adorable. le lorgnant du coin de 'oeil, la sorcière lui jeta trois bonne rondelle de saucisson bien épaisse et lâcha.

"J'ai comme l'impression que toi et moi on va rester ensemble un bon moment..."

Esquissant un sourire, elle lui jeta encore du saucisson et vint flatter sa croupe d'une tape affectueuse.

" Et puis ça ne peut pas me faire de mal après tout... ça donnera un peu de vie à cette vieille bicoque, hein ? tu reste avec moi mon gros ? Toi tu me tiens compagnie et moi... je fais ce qu'il faut pour que tu ne meurs pas de faim... voilà un bon compromis."

Et vu ce qui régnait dans ce quartier mal famé, un bon chien de garde ne pouvait qu'être que bénéfique. Ce chien avait de quoi faire peur à n'importe qui et même s'il était plutôt gentil bien que méfiante, sa carrure imposante, sa bouille de chien dangereux étaient plus que dissuasif. La sorcière esquissa un sourire, caressant le chien et lâcha.

"Bon c'est officiel, bienvenue chez toi mon ami."

Elle jeta au sol trois nouvelle tranche de saucisson et le regarda s'en délecter, affamé.

" Va falloir te trouver un nom..."

Yzebel réfléchis, observant le chien manger et continua de couper du saucisson. Le saucisson... Arquant un sourcil, son regard argenté passa du saucisson à la bête, de la bête au saucisson et lâcha brusquement, ravie.

"Je sais, je vais t'appeler saucisse ! hey c'est chouette comme nom! "

Elle se pencha et embrassa le crane du chien avant de le grattouiller.

"Voilà, tu es ma grosse saucisse à moi. Hm ?"

S'en prendre la peine de cuper le reste du saucisson, elle le lui jeta au sol puis se leva, s'étirant. Jetant un coup d'oeil à la pendule, elle réalisa qu'il n'était que vingt-deux heures... bien, il était temps de se détendre un peu. retournant dans la pièce d'à côté, la sorcière s'approcha d'une vieille baignoire miteuse et alluma l'eau. rapidement l'eau chaude se déversa dans la baignoire et une fois pleine, la sorcière retira ses affaires et se glissa dans l'eau en soupirant de bien être. Quelque chose c'était produit avec ce chien... C'était comme si on venait de lui retirer une épine du coeur, la simple présence de l'animal semblait la détendre, la soulager. mais la soulager de quoi ? là était toute la question. Tout était flou dans son esprit, mai ce qu'elle savait en revanche, c'était qu'elle adorait déjà Saucisse.

Un à un, il happa les bouts de saucisson, attendant toujours le prochain avec une avidité non dissimulée et d'un oreille distraite il écoutait son monologue.
"bienvenue chez toi mon ami."

Il bascula la tête, comme surpris par cette annonce. Et de fait il l'était.

*Merde alors je dois vraiment avoir l'air complétement miteux ! *

Songea-t-il brusquement. Généralement on s'arrangeait plutôt pour le jeter dehors... Il tourna la tête, et observa son flanc : les côtes étaient presque saillantes. Il aurait pu grimacer qu'il l'aurait fait.

*Mon vieux tu t'es carrément laissé aller. *

Se surpris-t-il à penser avant de réaliser que ses pensées étaient celles d'un humain. Par reflex il s'ébroua, comme pour remettre ses idées en place. Il reporta son attention sur la sorcière. Et commença a réfléchir ; il ne savait encore rien d'elle. Impossible de savoir si la tâche qui l'attendait serait fastidieuse... Mais elle semblait au moins disposé à l'adopter.


*Pas d'autre odeur ici, que la tienne. Célibataire je suppose. Tu te sentirais pas seule petite sorcière ? *

Pensa-t-il, et le coin de ses babines se relevèrent pour former, presque, un "sourire".

"Je sais, je vais t'appeler saucisse ! hey c'est chouette comme nom!"

Son "sourire" s’effaça. Cette fois même il délaissa même son saucisson pour planter son regard dans le sien, les oreilles à demi planqués contre son encolure dans une expression interloquée.


*Alors là ma Poulette tu peux toujours courir  pour que je réponde à ce nom !  *

Sérieusement, qu'on lui donne un miroir : il avait pas une tête à s'appeler "Saucisse". Non mais SAUCISSE quoi ! Comment il pouvait rétrograder de "Veilleur", à ... "Saucisse" ?!
Non ... Impossible : un chien comme lui on l'appelait ... Aller "Black" pour ceux qui n'avaient pas d'imagination. Et pourquoi pas ... "Bandit" ? "Roublard" ? ou même "Arès" ? Ça c'était du nom ! Mais "saucisse" ....

"Voilà, tu es ma grosse saucisse à moi. Hm ?"
Non mais les humains se rendaient-ils compte à quel point ils pouvaient des trucs débiles des fois ? Blasé. Il était totalement blasé. Il laissa lourdement retomber son arrière train, et resta assis, attendant qu'elle lui annonce qu'elle avait trouver mieux. Mais non. La donzelle le laissa là et s'en alla.

 
*Hey reviens ! Je veux pas m'appeler Saucisse *

Elle s'était isolée dans une pièce. Odeur de savon et de vapeur : Salle de bain. Il gratta furieusement à la porte. heureusement, vivant seule, elle n'avait pas pris l’habitude de verrouiller derrière elle. Il entra dans la pièce. La sorcière bullait déjà joyeusement dans son eau. Il songea d'ailleurs que lui aussi aurait besoin d'un bain.

Sans la moindre hésitation, il posa ses deux pattes sur le rebord de la baignoire.

 
*Tu m'excuses hein... Mais j'ai soif.  *

Et il se mit à laper l'eau du bain.

A bien y réfléchir, ce nom avait de quoi provoquer des phase d'humour graveleux. Du genre... caresser sa saucisse.
Oui, vraiment graveleux. Quoi qu'il en soit, Yzebel elle trouvait ça attendrissant. A présent elle avait sa saucisse rien qu'à elle... D'accord, je vous l'accorde ça aussi c'était graveleux. Mais imaginez qu'elle vous dire: "hey, tu veux voir ma saucisse ?" là ça deviendrait vraiment graveleux. Bref, assez de rabâchage de mot.

Donc, nous avons un familier affamé et nourrit à la saucisse et au pain rassit et une jeune femme à moitié corrompu faisant trempette dans un bain. Si la scène en elle était déjà pitoyable, quand la bête gratta à la porte jusqu'à l'ouvrir et file droit vers la baignoire, la sorcière le fixa avec un regard interloqué. Allons bon, il l'aimait déjà à ce point pour l suivre jusqu'à la baignoire ? Non. La chasseresse eu un mouvement de recule, se plaquant dans le fond de la baignoire lorsque le chien se hissa sur le bord de la baignoire pour venir laper l'eau chaude du bain.

"Saucisse... t'es gentil mais l'eau de mon bain que tu bois... d'une ya ma crasse dedans et de deux... c'est de l'eau chaude."

Levant le pied, la belle le posa doucement sur l'une des pattes du chien et avec un ricanement, la poussa, lui faisant perdre l'équilibre. Ravie de pouvoir taquiner son compagnon, Yzebel reprit ses aises dans son bain sagement. Soudain, elle émit un râle basculant la tête en arrière alors que sur sa peau apparaissaient des stigmates impressionnant. Peau abimé, cicatrice, trace de griffures, morsures et veinules sombres. Toute la panoplie qui aurait fureur pour un film d'horreur. Sauf que là, c'était bien réel sur le visage de la sorcière, on pouvait lire les atrocité que son corps avait subit.... A se demander comment elle avait pu survivre à toutes les choses qui avaient ainsi tuméfié ce joli corps. Yzebel soupira longuement et entrouvrit les yeux pour fixer le chien avant de tendre la main, sifflant pour le faire venir.

"Viens mon gros... aller, viens!"

Pinçant les lèvres, Yzebel saisit le bord de la baignoire et tira sur ses bras, se décollant du fond de celle-ci et se rapprocher du bord. Elle fixa l'animal et lâcha:

"hm... t'es pas très éduqué hein...? je suppose que c'est normale pour un chien errant."

Avec un fond de grondement, Ilclaste se laissa chasser par la sorcière. Loin de sortir de la salle de bain, il se contenta d'aller s'allonger un peu plus loin... On aurait pu penser que la fidélité, déjà l'empêchait de s'éloigner de la Dame, mais ce n'était pas vraiment la cas. Allez … Ne me dites pas que vous penser sincèrement, qu'un homme pouvait se faire passer pour un animal à l'insu d'une femme n'en profiterait pas ? Etes vous à ce point naïf ? Ha l’innocence.
Ilclase était bien là pour s'offrir une belle vue. Il avait même pensé à pousser le vice jusqu'à sauter dans le bain avec elle... Il regrettait presque sa grande taille... Les petits cogniauds eux, avaient le droit d'être serrés contre une poitrine...
Bouarf, il ferait avec ce qu'il avait.

Enfin la socière daigna de redresser Mais la vue ne fut pas aussi sublime que celle à laquelle il s'était attendu... Il remarqua tout de suite les changements sur son visage, et les cicatrices sur son corps.

Certains diront que les séquelles n'affectent pas la beauté d'un être. Ils mentent. Voyez, un cicatrice est la trace laissée par une blessure. Un endroit où la chaire a été agressé dans la douleur de la personne. Une cicatrice c'est la souffrance matérialiser : c'est la preuve qu'on a été touché, altéré de façon involontaire, mais qu'on ne peut pas revenir en arrière.  Une cicatrice est toujours laide, par son existence même, par ce qu'elle représente. Exhibez là avec fierté, ou pudeur, ça ne change rien au fait qu'elle soit là, preuve de ce qui fut mais qui n'est plus.

Autant dire que le spectacle qu'offrait le corps de la sorcière avait de quoi vous refroidir, sévèrement même.
Son mutilé était une provocation. Il était une démonstration criante qu'elle était une survivante.  Ilclaste se prit cette révélation en pleine tête. Giflé dans son amusement, il retomba sur terre aussi lourdement qu'un oisillon sans aile. Cette femme vivait dans le danger. Cette femme vivait avec la mort. Cette femme peut être donnait la mort...

Il resta là, planté à la regarder, heureux du peu d'expressions que pouvaient donner sa physionomie canine : sans ça il aurait certainement vexée la sorcière par le regard mi horrifié-mi impressionné qu'il lui aurait lancé.

Elle l'appela. Il hésita. Cette fois par timidité, mais pour la simple raison qu'il avait l'impression d'être tombé sur un « gros morceau ».
Il s'approcha tout de même, restant hors de porté de main. Il joua au chien, et poussa un aboiement qui ne voulait rien dire. Il avait fait ça simplement parce qu'il se disait qu'un chien, aurait pu à cet instant précis avoir voulu aboyer.

Il se secoua, encore, se gratta derrière l'oreille, encore, et puis quitta simplement la pièce. Laissant à la sorcière son intimité.

Il se roula en boule dans le couloir, simulant la fatigue alors qu'en réalité son cerveau tournait à mille à l'heure. Il avait protégé un enfant, et la tâche lui semblait facile en rapport à celle qui l'attendait... Cette sorcière semblait vivre une vie plus dangereuse. La préserver serait donc un travail plus ... prenant que celui qu'il avait fait avec Ichabod.

Il laissa passer un soupir.

*Dans quoi je me suis encore embarqué moi ? *

Stupide clébard. Pourquoi est-ce qu'il partait en sens inverse quand on l'appelait ?
Blasée, Yzebel resta appuyé sur le bond de la baignoire et soupira longuement, elle qui c'était réjouit de la présence de son nouveau compagnon avait brusquement un coup de blues en voyant que son enthousiasme n'était partager.C'était quoi son problème ? Elle n'était pas assez gentille ? Ou bien elle l'était de trop... La sorcière grommela et se rallongea dans sa baignoire, savourant la chaleur de l'eau et commença à savonner sa peau tuméfiée.

Quand son bain fut terminé, Yzebel s'enroula dans une serviette et s'empressa de se sécher. La belle savoura ce moment de détente bien mérité car à force de passer des nuits entière à chasser, elle en venait à ne plus prendre soin d'elle. C'était bien triste comme révélation... Faire passer sa vengeance avant tout le reste au point d'en oublier de vivre. C'est habillé d'une simple chemise de nuit de lin que la sorcière rejoins le couloir et se posta pieds nus devant l'animal, le fixant durement.

"saucisse... je t'aime bien mais si tu veux rester ici va falloir établir quelques règles... pour commencer on ne vole PAS la nourriture. On ne fait pas ses besoins dans la maison. ON ne refuse pas un câlin... et pour finir, un bain par mois obligatoire. Parce que tu pu la mort sérieusement."

Elle se sentait idiote de parler à un chien. C'est pas comme si il pouvait la comprendre... Et pourtant si, il comprenait chaque mots mais ça, la sorcière l'ignorait. Elle se pencha et saisit le chien par la peau du cou avant de lui caresser le poitrail, essayant de le tirer vers la petite salle d'eau.

"Aller viens saucisse... au bain!"

Yzebel fini par le lâcher, essouffler. Trainer un chien jusqu'à une baignoire égale mauvaise idée. Elle se cambra , main appuyer sur ses hanches et souffla puis entra dans la salle d'eau, tapant sur sa cuisse en sifflant, essayant d'attirer l'animal vers la baignoire.

"Saucisse! vies mon gros! aller viens ! si tu viens... je te file du saucisson avant d'aller dormir."

Toujours plongé dans ses pensées le chien releva la tête à l'arrivé de la sorcière. Il dressa les oreilles curieux de ses propos.

« Tu pues la mort »

*Hey ! Non et toi tu t'es vu ?! *

Songea-t-il presque vexé … Mais en réalité c'était vrai : il puait bel et bien. Il avait traîné dans les poubelles, dans les rues, sous la pluie, si bien que l'odeur de la ville lui imprégnait la fourrure comme la puanteur collait à un macabé. Elle ne mit ensuite en tête de le déplacer, et l'on pu presque lire l'amusement dans les prunelles canine d'Ilclaste.

*Non mais n'insiste pas Poulette, j'ai dit : Tu peux te gratter pour que j’obéisse si tu continus avec ce nom ridicule ! *

Campé sur ses pattes, il résistait totalement à la traction qu'elle voulait lui imposer. Elle semla comprendre que c'était pleine perdue, et changea de tactique. Premièrement tout aussi inefficace, avant qu'un nouvel argument n'entre en jeu : le saucisson. Le chien poussa un grognement qu'on aurait pu interprété comme agacé, mais il se décida enfin à rejoindre la salle de bain.

*Bon d'accord pour cette fois, mais c'est vraiment parce que j'ai faim, t'y habitus pas ! *

Et docilement il sauta dans le bain et tourna les yeux vers la sorcière et qui commença sa toilette. Yzebel frottait énergiquement son poil crasseux, savonnant joyeusement sa carcasse miteuse, et récurait jusqu'à la moindre petite parcelle de son corps efflanqué, délogeant d'un même coup plusieurs parasites installés dans sa fourrure inégale. Et vous savez quoi : c'était foutrement agréable ! Prendre un bain, il avait pas faire ça depuis une bonne dizaine d'année, faute de baignoire et d'envie, mais aujourd'hui il se demandait comment il avait fait pour s'en passer. Rapidement, ses paupières tombèrent à demi, signe de sa décontraction évidente.
Finalement, il regrettait presque de s'être montré si agressif vers certains humains qui lui avaient tendu la main jadis... Il aurait pu goûté au plaisir de se faire « chouchouter » plus rapidement.

*Ichabod me grattait toujours derrière les oreilles quand il faisait ma toilette * se rappela-t-il avec nostalgie, et presque immédiatement son cœur se piqua de tristesse. Il poussa un petit gémissement, et Yzebel s'excusa croyant qu'elle avait frotté un peu trop fort..

Un fois « propre », elle le fit sortir du bain : totalement dégoulinant, la première chose qu'il fut fut de s'ébrouer énergiquement : réflexe canin, et cela ne manqua pas d'arroser la demoiselle.
Puis elle le sécha au maximum, et il eut bientôt le poil totalement embrouillé : mais au moins il sentait moins mauvais. Il aurait presque voulu se voir dans un glace …

*Je dois avoir l'air salement ridicule là !*

Ahah ! Le chantage via la bouffe...
Ravie de voir que cela marchait, Yzie suivit le chien jusqu'à la baignoire. A bien y réfléchir, elle avait l'impression que celui-ci avait parfaitement compris ses mots . Non, c'était forcément dans sa tête, la bête avait simplement du comprendre ce qu'elle attendait de lui. Sans attendre et avec un sourire plein de douceur, Yzebel  s'agenouilla près de la baignoire et s'empressa de laver son nouveau compagnon dont l'odeur était plus qu'infernale.

Lorsqu'il couina, la sorcière éprouva un sentiment de culpabilité, croyant l'avoir faire mal et sans attendre elle s'excusa et embrassa sa truffe humide. Adorable bête... Sans éducation, mais adorable quand même. Yzebel se sentait un peu plus sereine, sans doute le fait d'être un peu moins seul. Pourtant, elle avait toujours aimé la solitude... mais avec les animaux c'était toujours autre chose. Avec eux pas besoin d'avoir de conversation, ils ne vous râlaient pas dessus, ne vous prenez pas la tête pour des futilités et ressentaient toujours vos émotions, les partageait. Un vrai soutient.

Une fois le bain prit, la chasseresse honora sa promesse et fila dans le coin cuisine pour couper quelques rondelles de saucisson et les offrit à son nouvel ami avec de flatter son flanc d'une tape affectueuse. Ce bon gros toutou... Bon, avoir un nouveau compagnon c'était bien beau... à présent il fallait emménager un coin pour lui, définir le territoire qui serait le sien. Ouvrant un placard, la sorcière sortit une grosse couverture en laine miteuse mais qui suffirait pour un chien et la déplia à demi avant de venir la mettre au sol tout près du lit. Oui, tout près. Elle ignorait pourquoi mais l'idée de le savoir loin lui nouait l'estomac... Yzebel installa donc la couverture et tapota dessus.

« Viens saucisse ! Là, sur ton dodo. »

Soupirant, la jeune femme caressa encore le grand chien maigrelet et tira la couverture de son propre lit avant de s'y glisser. Elle souffla sur la bougie et grâce à la lumière de l'extérieur qui filtrait par la fenêtre, elle observa son chien et savoura le silence qui régnait dans la vieille maison avant de fermer les yeux et de sombrer dans le sommeil. Un lourd sommeil remplit de cauchemars et de souvenirs douloureux.

Au petit matin, Yzebel se réveilla douloureusement. La lumière grisonnait qui passait par la fenêtre était éblouissante et toujours, elle savait qu'au dehors de la maison il faisait encore un temps de chien. Elle se leva de son lit sans joie, comme chaque matin et s'empressa d'enfiler une tenue convenable composé d'une robe sombre, coiffa sa longue chevelure d'une tresse et enfila une petite paire de lunette ronde... Elle le chic de la petite bibliothécaire ainsi. La chasseresse avait prit un instant pour ouvrir une armoire qui contenait un petit autel de sorcellerie avait comme chaque jours lancé le sort pour camoufler son effroyable corps mutilé. Enfin la sorcière réalisa qu'elle ne pouvait pas laisser le chien seul dans la maison... Tant pis, le temps de trouver une solution, il resterait dehors la journée à trainer. Faisant donc sortir Saucisse, elle ferma la porte et souffla:

"On se voit ce soir mon gros..."

Elle caressa l'animal avec douceur et s'éloigna en ouvrant son ombrelle pour se protéger de la pluie, disparaissant au coin d'une ruelle.

Le grand chien s'approchant de la couverture, et la renifla du bout de la truffe. Il lança un regard vers la sorcière comme pour lui demander "Tu 'as pas mieux ?", mais finalement il grimpa dessus, fit deux tour sur lui même et s'allongea. Il ne s'endormit pas  de suite. Si ses paupières étaient closes, il avait les oreilles à l’affut. Il attendit d'entendre la respiration calme et posé de la sorcière, d'être sur qu'elle dormait pour se laisser à son tour... Au milieu de la nuit, il ouvrit un oeil. Pas Yzebel ronflait ... Mais elle bougeait : son sommeil était agité.
*Cauchemars ? *  
Il se redressa et posa un oeil sur elle.. devait-il la réveiller ? Il ne le savait pas. Il hésita, et finalement il veilla sur son sommeil guettant une agitation trop alarmante qui finalement n'arriva pas. Yzebel semblait habitué à ce genre de nuit... Il était évidement fatigué le lendemain, mais au moins son insomnie lui avait permis de mettre au point son programme de la journée...
Il en ressentait une certaine excitation ; cela fanait longtemps qu'il ne s'était pas réveillé avec un plan concret pour le lendemain. Ainsi il se fit docile, et lorsqu'elle le mit dehors, il n'en prit pas ombrage et la laissa partir sans un aboiement. Il attendit qu'elle soit hors  de vue pour commencer son "plan"...

[Fin du rp, suite à la librairie]