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 Je ne suis pas vétérinaire... PV Callagan [Flash Back]

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Emeril Celeas



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MessageSujet: Je ne suis pas vétérinaire... PV Callagan [Flash Back]   Je ne suis pas vétérinaire... PV Callagan [Flash Back] EmptySam 19 Avr - 17:04


La nuit était tombée sur River Hall. La fenêtre ouverte laissait entrevoir, derrière la gaze d’un rideau, le ciel d’un bleu-noir profond, piqueté d’étoiles doucement lumineuses, froidement distantes. Le tissu ondulant sous une brise légère venait caresser la surface de l’immense bureau de l’étage privé lui appartenant, au-dessus du cabinet médical. Le meuble à gradins, de bois de rose laqué, était une pièce prisée d’ébénisterie.  Il possédait deux étages, les second légèrement plus réduit que le premier, avec une surface recouverte d’un cuir rouge sombre brossé. Sur celui-ci étaient posés plusieurs dossiers fermés par des lacets de cuir, dans lesquels reposaient, entre autre, les suivis de certains de ses patients de la journée. Du côté droit trônait une statuette de 45cm de hauteur en bronze, représentant une figure masculine ailée agenouillée, la tête tournée vers la droite, le corps des trois-quarts. Un ange, symbole de l’église si détestée par les sorciers. Mais l’objet était un bel ouvrage, sorti tout droit d’une célèbre école française de l’époque. Et son actuel propriétaire se fichait éperdument de l’animosité générale pour les icônes religieuses. La première rangée de tiroirs était ouverte, débordant de feuillets, papiers divers… les ouvertures se rabattaient vers le bas, dissimulant à l’œil les délicates gravures du bois, à l’image de fresques d’été et d’automnes ; ainsi que les poignées arrondies, également de bronze. Le second niveau, siège du travail du médecin, était également supporté de cuir, bien plus usé encore et retenu par des rivets à la couleur passée. Là encore, des feuillets s’étalaient, surmontant parfois des dossiers de cuir ouverts. Un encrier de bronze portant encre et plume de métal élancée et délicate à la pointe souillée de la substance teintée trônait sur le côté gauche, près d’une représentation sous verre d’une version antique de l’homme de Vitruve. De l’autre côté se retrouvait une lampe à la tige arrondie de bronze et au chapeau de verre soufflé, diffusant une lueur chaude et ambrée teintée de rouge. Posée contre le pied, de guingois, reposait une stylisation des huit flèches émanant d’un moyeu central, symbole du chaos absolu.

A l’image de ce bureau, le reste de la pièce était un repaire quelque peu douteux. On retrouvait, sur deux des murs, deux immenses bibliothèques intégrées à l’espace, débordant de livres parfois sensibles tel que le Malefic Maleficarum, les tortures de Commode ou encore le culte des goules ; de même que des objets provenant de toutes les époques qu’il avait visité et qui parfois pouvaient sembler étranges ou répugnant. Parmi ceux-là, on trouvait inévitablement une reproduction de la fameuse vierge de fer de Nuremberg, des vases canopes vides, une boite vide provenant du tréfonds de l’Afrique, gravée dans de l’ivoire noir et aux fermetures d’argents, mais dont les représentations avaient de quoi faire frémir, ou encore un sceau susien d’époque, en calcédoine. Au sol, un sublime tapis persan rendait le pas aussi délicieux qu’un nuage et affichait des ornements et dorures tissées à la main des années auparavant et représentant les pensées zoroastriennes. Une reproduction d’une gravure d’Ahura Mazda, de la période Achénémide, reposait contre le bas d’une des bibliothèques. Un peu plus loin, c’était une statue de Bastet, peinte avec un goût exquis. La déesse chat de l’Egypte antique avait une place particulière dans son cœur malgré tout. Dans un recoin d’ombre entre la bibliothèque de droite et le mur à porte, une représentation de fer était dissimulée, d’un goût plus étrange que les autres… Les formes étaient étranges, les angles étaient étranges, les couleurs plus encore, bien qu’elles soient passées et ternies. Ce qu’elle représentait vraiment, lui seul le savait, pour l’avoir tiré des marais de Lh’yib. Frappée des écrits Ak’thunien, elle entrait dans cette liturgie austère et fanatique dont il s’entourait avec tant de plaisir. Chaque objet avait son histoire et sa signification, une raison de se trouver là quand bien même la pièce aurait pu lui valoir de lourds questionnements de la part de la communauté de River Hall et des soupçons appuyés. Mais voilà, personne ne venait jamais dans cette pièce, il la gardait sous scellés, aussi bien physique que magique. Et puisqu’il était lui-même, personne ne cherchait à se montrer intrusif.

Ici, il n’avait nullement besoin de se dissimuler, ou de porter un masque quelconque. Ici, il pouvait redevenir, dans l’intimité de la pièce interdite, dans ce bureau aux multiples usages, l’homme de plusieurs millénaires, usé par le temps et profondément fatigué des rhétoriques humaines et sorcières. Pas étonnant qu’il ait fini par rejoindre l’Andoxian, après tous ces infernaux revers. Et quoi que River Hall lui procure une césure relativement agréable, les incontournables, qu’ils proviennent d’un camp ou d’un autre, tendaient tout de même à ronger les hauts murs de sa profonde désillusion. Travailler en ne pensant à rien, dans cet espace confiné, accueillant, familier, était en cela un soulagement. Jusqu’à un grattement, un bruit sourd, au bas de la bâtisse… la porte de sa demeure et du cabinet. La curiosité, ainsi qu’une nouvelle vague de lassitude, l’attrapèrent. Il releva des yeux cernés de l’ordonnance qu’il écrivait d’une plume souple et fronça des sourcils sombres, ses yeux bleus luisant un bref instant. Qui était-ce donc, à cette heure-ci ? Pas un patient commun, ça s’était certain. Au choix. Un chasseur coincé et blessé ? Une urgence grave d’un habitant ? Ou bien…. Non, il était loin, et n’appréciait guère la bassesse de la ville du croisement. Mydder à River Hall ? Certainement pas, non. Repoussant son fauteuil de velours rouge, il se releva, déposant au passage la plume sur son encrier. Soulevant la clef forgée de la pièce, il en sortit et la verrouilla alors même que le bruit naissait à nouveau, lui faisant accélérer le pas dans l’escalier de derrière, qui menait sur une cour discrète hors de vue de la place centrale, calme, et qui lui servait de sortie personnelle. Une connaissance à lui, certainement. L'escalier était assez large quoi qu'en colimaçon, avec une rambarde de bois ciré, des fixations de fer forgé. La pierre de l'escalier était nue, cependant, jusqu'au rez-de chaussé pourvu d'un tapis chaleureux. L'entrée de derrière était une pièce carrée, haute, où des lampes diffusaient une lumière plus vive que dans le reste de sa demeure. Une accroche multiple pour manteaux, également de fer forgé, était fixé au mur, ainsi qu'un meuble de bois sombre, pour déposer les chaussures, dans le renfoncement en face de la porte.

Posant la même sur la poignée de métal gravée à l'image d'un oiseau, des deux côtés, il ouvrit d’une autre clef, tourna et le battant révéla…

«Qu’hein ? AH !  » Autant pour sa verve…

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Callághan Ø'Shæ



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MessageSujet: Re: Je ne suis pas vétérinaire... PV Callagan [Flash Back]   Je ne suis pas vétérinaire... PV Callagan [Flash Back] EmptyLun 21 Avr - 17:43

La nuit était magnifique et au silence moribond des heures les plus sombres, la froide splendeur du linceul d'encre qu'était la voûte céleste n'était elle-même qu'une parure à la véritable reine de ces cieux enténébrés. La lune gibbeuse trônait en son royaume, offrant son érotique courbe crémeuse au regard effaré d'un être maudit. Créature impossible, aberration de la magie et de l'essence d'une trame déchirée sur l'autel de l'arrogance, elle parcourait des miles et des miles d'étendues sauvages sous le regard réprobateur de cette grande Veilleuse solitaire. La fourrure d'encre piquetée de sang et de cendre frémissait sur le jeu des muscles puissants, mécanique parfaitement huilé malgré l'improbable apparence. Au dedans du large poitrail, un cœur paniqué battait à tout rompre, enserrant la gorge et faisant danser les flans d'un souffle perdu depuis des heures maintenant. Mais quand bien même ses pattes raidissaient de fatigue, que sa gueule ouverte laissait couler un flot de bave autant qu'un nuage de buée opaque, le repos lui était impossible. A la trahison de la moindre faiblesse, les ombres qui rôdaient à la limite de sa vision n'hésiteraient pas à lui tomber dessus pour mettre à mort sa pitoyable existence. Aussi, malgré la honte qui marquait son esprit comme le fer chauffé à blanc, la Créature puisait dans l'exceptionnelle endurance de son corps pour repousser toujours plus loin ses limites. Quand bien même la peur lui tordait les tripes, lui glaçant le sang aussi sûrement que la sueur poisseuse qui venait coller sa fourrure poudrée de cendre en des paquets empestant le musque et la mort, l'instinct de survie dominait sa raison. Au delà du voile de fatigue qui couvrait le regard aux éclats d’absinthe, se profilait la rage de vivre, cette volonté qui lui brûlait la gorge, réclamant un cri primaire qui parviendrait à regorger son être épuisé d'une nouvelle ardeur. Mais le regard qui ne pouvait se détacher de l'Impératrice au sommet de sa gloire nocturne, courbait l'échine au silence mystique qu'elle lui imposait. Et alors qu'elle nimbait l'environnement de sa froide lumière d'argent, étouffant le piètre élan de combativité de la Créature pour n'imposer qu'une course furtive de honte et de crainte, sa sublime présence à la rondeur révoltante excitait les prédateurs qui rôdaient dans le sillage de la Bête tout exacerbant la malédiction qui chauffait chaque fibre de son être d'une douleur lancinante.

La course durait depuis des jours, ayant déjà vu s'élever puis se coucher par deux fois la Maîtresse des Nuits pour devoir ensuite supporter la chaleur étouffante d'un Phoebus implacable. Et si les jours lui apportaient un maigre répit dans la traque de ses bourreaux, les pâles nocturnes annihilaient toute l'avance qu'il avait pu grappiller. Quand bien même il ne dormait plus, que son abdomen se creusait d'une famine lancinante, l'être maudit ne pouvait s'autoriser de repos. Ayant quitté les terres stériles d'un plan gorgé de maléfices, ayant plongé au cœur d'eau saumâtres pour tenter de camoufler sa piste, la Créature rompait à présent son corps sur les Landes interminables, accrochant les lambeaux de sa volonté élimée par la peur sur l'infime lueur lointaine qu'était River Halls. Petit halo mordoré tranchant sur l'éphémère nimbe glacée de la Lune, il apparaissait tel un oasis dans la longue et pénible traversée qu'il venait de vivre. Et si la sueur rongeait le cuir de la Bête, si la cendre irritait la chair délicate de ses articulations et rendait chaque mouvement plus difficile que le précédent, jamais ses pattes ne faiblissaient dans leur chevauchée. Pourtant, il advint l'inévitable et la Bête s'écroula alors que ses pattes s'emmêlaient de fatigue. Allongée sur le flan, les rochers pâles des Landes lui rentrant dans le corps, courbaturant davantage encore ses muscles de leurs arrêtes effilées, la volonté vacilla et les yeux se fermèrent une poignée de seconde. Tandis l'être maudit reprenait une respiration sifflante, il songea à l'époque glorieuse où il était Homme. La magie coulait alors dans ses veines comme le plus délicieux des nectars, véritable ambroisie à l'élévation de son esprit, n'imposant comme limite à sa puissance que l'entrave de son imagination. Favoris sous le regard envenimé d'une Reine Ténébreuse, un avenir de renommée et de sinistres richesses l'attendaient. Mais il avait fallu que l'orgueil teinte son raisonnement de toute cohésion, souillant la seule chose qui l'avait accompagné depuis sa naissance, pervertissant le fil rubis de son Destin forgé depuis les Temps Anciens au cœur d'un tertre de Contes et de Légendes. La malédiction s'était tissée jusque dans sa chair, cousant même son âme sur le grillage brûlant d'une rédemption éternelle.

Au hurlement jubilatoire d'un prédateur, les yeux empoisonnés de maléfice s'ouvrirent brusquement, faisant souffler le puissant poitrail d'un sursaut d'énergie. A la gueule ouverte se déroulait une langue bleuie de froid, puis vint une profonde expiration qui fit s'élever le pailletage givré de cette nuit interminable. Les yeux roulèrent d'affolement dans les orbites masqués de longs cils noirs, les vibrisses se courbèrent tandis que les babines gonflaient d'un afflux de sang et de bave. Le masque labiale d'un gris fantomatique se déforma d'une grimace bestiale, manifestation physique du grondement qui vint faire vibrer et trembler la gorge de l'animal. Un second hurlement, bien trop proche, créa dans l'immense corps fourbu un sursaut et les longues pattes aux coussinets écorchés se massèrent sous le corps poudré de cendre. Le grondement se fit plus intense, plus virulent tandis que l'immense silhouette se tassait, balayant les paysages asséchés des Landes d'un regard terrifié. Les ombres de ses prédateurs approchaient, silhouettes anthropomorphiques aux yeux luisant d'une haine viscérale pour tout ce que la Créature représentait. La souillure d'une magie de sang, l'abomination d'un écorché vif, la mort d'un cœur déchiré... Un sortilège ancien, prisé d'un certain Cercle. Les regrets ne nourrissaient pas son âme à vif et ne le sauveraient pas de l'esprit Wendigo qui animait cette meute toute aussi maudite que lui... mais pour des raisons bien différentes. Aussi il se hissa sur ses pattes, poitrail en avant et dos courbé. Son long museau effilé pointa en direction de River Halls, la langue perla de bave la fourrure rase de son museau alors qu'elle redessinait le contour de ses babines en un geste qui trahissait son impatience. Au dessus du halos de lumière, la Bête cru voir flotter un regard au bleu nébuleux, promesse d'une trêve dans sa fuite éperdue. Dans un cri inhumain, mêlant l'animal à la conscience embrouillée de l'Homme qu'il avait été, le maudit détendit tout ses muscles dans un bond qui le précipita vers la Capitale. Bientôt ce cauchemars cessera et il aura la fierté de retrouver son essence de Sorcier, sa condition d'homme civilisé. La Bête trônerait aux pieds d'un lit, pitoyable fourrure sans plus aucune trame de magie. Bientôt.

Les rues de River Halls se refermèrent sur lui comme d'oppressantes griffes de roches, de pavés et de tuiles luisantes d'une brume dorée par les lampes à gaz. A la fatigue de sa longue course se succéda la tension d'être découvert par les riverains et quand bien même l'heure tardive jouait en sa faveur, l'immense bête frôlait les murs et rallongeait sa marche en empruntant des ruelles sombres qui agissaient sur sa conscience écorchée de peur tel un baume de précaution paranoïaque. S'il ne sentait plus les prédateurs et si la promiscuité de la grande ville avait fais battre en retraite leur silhouettes déformées, il savait qu'ils guettaient et qu'ils l'attendaient. Par une patience nourris de rancune, encerclant River Halls comme s'ils entamaient un siège, la haine tenace qu'ils éprouvaient tous pour sa nature improbable alimentait le foyer de leur persévérance. Mais pour l'heure, le répit qui lui était offert ne serait pas gaspillé et l'immense bête allongea le rythme de ses pas pour rejoindre l'étroitesse d'une cours si souvent traversée et contemplée lorsqu'il était humain. L'étroite bâtisse qui s'élevait face à son museau écorché à la fourrure encroûtée de sang, lui rappela combien la créature qui vivait en ces murs était douée pour dissimuler sa nature. Pourrait-on lui accorder l'asile le temps de briser la malédiction qui collait à sa peau écorchée ? Est-ce que le Sorcier, maître en ces lieux, éprouverait une quelconque pitié pour sa condition et lui viendrait en aide ? Les babines de la grande Bête se plissèrent d'ironie tandis que les yeux s'étrécissaient en un fil d'anis empoisonné, scrutant la porte au bois ouvragé avec insistance. Oh oui, il lui viendrait en aide. Le cœur de cet être immortel et millénaire ne saurait ignorer la fantaisie de sa situation et l'ironie voudrait que l'esprit soupirant de lassitude s'ébroue à une curiosité toute médicale ! N'attendant plus, il approcha et leva ses pattes antérieures raidit de fatigue pour venir gratter furieusement au battant de bois. Il attendit, dressant ses hautes oreilles triangulaires pour tenter de capter le plus infime bruit dans le vestibule qu'il devinait de l'autre côté de la porte. Combien de fois était-il venu devisé avec ce Sorcier, du temps glorieux de sa nouvelle condition auprès de Maryssa ? Goûtant à l'amertume de ses thés noirs autant qu'à l'étrange tournure que prenait les Plans sous l'avidité de Sorciers qui en bâtissaient des fondations corrompues et rongées d'avidité... Mais il n'était guère temps de batifoler aux souvenirs d'après-midi confinées dans le confort d'un salon à la décoration empesée d'objets millénaires.

Ses pattes griffaient à nouveau la porte lorsqu'il entendit des pas approcher. S'aplatissant au sol dans un reflex de peur et d'inquiétude, la Créature attendit avec nervosité que le verrou tourne et que le flot de lumière dorée des lampes à gaz ne vienne dessiner son imposante silhouette au regard séculaire de l'hôte qui, s'il ne le savait pas encore, venait de lui offrir asile et protection. N'attendant pas une quelconque rétractation de la part de son vis à vis, il détendit la pression qu'il avait accumulé dans ses postérieurs et effectua une courte charge qui visa l'entrée étroite du vestibule. Bien sur, avec le sorcier dans le passage, il fut question de louvoyer et quoi de mieux qu'une Bête de quelques centaines de kilos pour soulever un être humain ? Fourrant avec force le museau entre les cuisses du pauvre médecin, l'immense créature releva la tête afin de lui faire quitter le sol et le balança sur son large dos à la fourrure poisseuse de sang, de cendre et de sueur. Dès que la voie fut libérée et qu'il sentit son cavalier s'agripper à lui dans un sursaut, il se hissa sur ses quatre pattes pour entrer sans plus attendre dans l'étroite pièce carrée. D'un coup d'échine, il referma la porte puis se délesta du pauvre Sorcier d'un ébrouement qui fit danser autour d'eux un lourd nuage de cendre pailletée au givre des Landes. La gueule entrouverte, les yeux hagards crépitant d'une Vieille magie souillée, la Bête tenta de se mouvoir dans l'espace réduit qu'elle venait d’investir. Frottant ses flans aux murs, renversant le meubles à chaussure de sa croupe, balayant un tableau d'un grand coup de queue panachée, elle se figea enfin à la vue de l'escalier en colimaçon et tenta de bondir sur les marches pour atteindre le palier supérieur. Engourdie de fatigue, la Bête trébucha sur la première volée de marches et s'écroula dans un grondement mêlé du bruit sourd de sa lourde carcasse brisant la rambarde de bois. Une pattes passée au travers des fixations de métal tordu, la gueule étalée sur une marche avec la langue pendante au vide, poitrail basculé en avant et croupe relevée dans une posture globale fort contraignante et douloureuse, la Créature daigna enfin s'immobiliser incapable de s'extraire seule de cette situation. Au long silence agrémenté des craquements du bois écharpé de la rampe, une voix rocailleuse et à peine reconnaissable s'éleva depuis la gueule entrouverte du grand Loup :

-Emeril ! Tu as l'air... en forme.

Un nouveau silence avant que la Bête ne couche ses hautes oreilles et ne rentre la queue entre ses postérieurs.

-Tu aiderais une vieille connaissance à se décoincer ? J'ai une sacrée histoire à te raconter... Tu ne vas pas croire ce qu'il m'est arrivé !
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Emeril Celeas



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MessageSujet: Re: Je ne suis pas vétérinaire... PV Callagan [Flash Back]   Je ne suis pas vétérinaire... PV Callagan [Flash Back] EmptyVen 25 Avr - 22:52


River Hall était une ville somme toute assez calme, la présence de la milice ainsi que des gargouilles entretenant la paix et la stabilité. Les habitants n’étaient pas souvent partis d’un camp, et vivaient simplement leurs petites existences sans demander quoi que ce soit à qui que ce soit. Dans le pire des cas, les urgences se résumaient à quelques chasseurs paumés ayant eu des ennuis, ou à un sbire du cercle, également paumé au milieu de nulle part. Rien qui ne nécessita de lui une réactivité particulière ou un quelconque instinct guerrier. Un jour, il en avait eu un, longtemps auparavant… très longtemps même. Plus maintenant. Il avait appris à jouer autrement, dans une autre catégorie, avec d’autres armes. Impossible de charger les ombres de ses assaillants une épée à la main. Malheureusement ce changement de domaine, quoi qu’obligatoire, avait eu pour conséquence directe de le retirer du front pendant des millénaires entiers, le laissant rouillé et peu prompte à réagir avec souplesse à toute forme de surprise. A présent, il était, il fallait l’avouer, un homme de calme et de tranquillité qui se contentait de martyriser ses ennemis de très loin. De très, très loin… et les surprises, il les préférait de loin également. Manque de chance, la surprise venait non seulement d’entrer chez lui, mais en plus de renverser toute sa tranquillité, au sens propre du terme. Il n’avait pas eu le temps de comprendre quoi que ce soit que l’animal avait forcé l’entrée sans la moindre douceur, le secouant alors qu’il était déjà abasourdi. Il avait à peine eut le temps de sentir l’énorme truffe fourrager entre ses jambes et lui donner un coup qu’il se retrouvait basculé sur le dos de la bête avec une monosyllabe protestataire. C’est que cette chose avait bien failli le faire voler en plus ! Raide et pataud, il s’accrocha tant bien que mal à la fourrure rêche  en essayant de quitter le dos de l’animal avec autant de dignité que possible vu la position quelque peu ridicule qui lui était imposée sur l’instant. Hélas, il ne parvint qu’à glisser dans le mouvement, alors que sa monture de circonstance s’ébrouait… Basculant plus encore en avant, son nez s’emplit soudain de l’odeur métallique du sang qui gorgeait la fourrure avant qu’il ne glisse proprement sur le côté et finisse par se cogner contre le mur, s’étalant contre celui-ci, flanc au sol. Il se reçut durement, le choc secouant son corps engourdis par les années passées dans la dissimulation et un instant, il resta sonné. Pas qu’il fut blessé, mais il avait tout simplement du mal à appréhender ce qui se passait, là tout de suite.

Il cligna des yeux, les baissa un instant pour découvrir ses habits souillés de sang et de givre, voir d’autres choses, puis les releva pour observer le désastre ambulant qu’était son ‘invité’ nocturne. Un cadre de tableau était à terre, le verre brisé, des éclats s’étalant un peu partout, le meuble était renversé, son contenu au sol… et son escalier allait certainement être à réparé dans les plus brefs délais. Et au milieu de ce désastre saupoudré de ci de là d’un fin voile blanc, il y avait l’imposant corniaud à qui il devait l’invasion soudaine de son chez-lui. Un loup rien que ça. Et de taille complètement disproportionnée. Et voilà qu’en plus elle… il ? S’adressait à lui. Comment ça il s’adressait à lui ? Clignant des yeux, il se remit péniblement debout, en ayant l’air plus raide encore qu’à son habitude, et l’observa plus attentivement, les sens aux aguets. Manque de chance, son esprit mettait un moment à saisir pleinement ce dont il s’agissait là et aux paroles lupines succéda un silence assourdissant. L’expression ‘un ange passe’ aurait parfaitement illustré l’instant, même si un ange n’aurait certainement pas eu sa place entre un parangon du chaos millénaire et un druide un peu fêlé apparemment transformé en loup géant. Transformé… oui, la vieille magie était effectivement là, on ne pouvait guère la rater. Il en était poisseux. Elle empuantissait ses alentours immédiats. S’il ne la maniait pas, il la ressentait parfaitement, après tout ce temps… Un bref instant, son regard se fit polaire, plus froid que l’arctique, alors que seules de pointes ignées brillaient en leurs centres. Il cloua ses prunelles sur la forme animale, la disséqua un instant qui sembla s’éternisé, puis lissa avec dignité les plis de son veston avant de s’approcher avec fluidité. Précautionneux, il grimpa sur l’escalier presque obstrué par cette présence poilue, posant un pied après l’autre, juste assez pour accéder à la patte coincée. A portée, il tendit la main, plia un genou et tâcha de le remettre sur son assise sans rien briser d’autre dans sa précieuse demeure. Il lui fallut quelques minutes avant de pouvoir le libérer sans lui faire de mal et sans manquer de provoquer une catastrophe. Seulement alors daigna-t-il répondre à la sollicitation vocale émise plus tôt. « J’ai effectivement du mal à croire ce que je peux déduire de ton apparence, Callaghan. Mais mieux vaudrait me raconter cette fascinante histoire là-haut, où tu ne risqueras pas d’oreilles indiscrètes » Il le contourna, se posta sur la marche supérieure, l’observant toujours. « Vient, je vais t’aider à monter »

Une fois le choc premier passé, la curiosité prenait le dessus, ainsi que l’attrait de tout ce qui le sortirait de sa morosité. Voir débouler comme une furie un druide changé en loup, apparemment couvert de sang, dans sa maison, avait de quoi changer son quotidien. « Tu n’es pas en bon état » fit-il remarquer, la voix posée, alors qu’il jouait des pieds et des mains pour parvenir à le guider dans l’escalier. Heureusement, celui-ci devenait plus large vers le haut et débouchait sur le palier principal de sa maison, dans les pièces à vivre. Il fallut un moment pour faire parvenir la grande carcasse jusque-là, mais le jeu en valait la chandelle. Le pallier était large, spacieux. Assez pour Callaghan d’ailleurs, fort heureusement. En face se trouvait un accès à la salle de bain et à l’escalier descendant vers son bureau médical. Sur le haut droit, un renfoncement s’en allait vers la cuisine, alors que la majorité de l’aile était occupée par le salon, derrière un lourd rideau de velours de scène. A gauche, une porte menait à sa chambre, une autre, vitrée, à sa bibliothèque libre et une dernière, fermée, à son bureau secret et protégé. Manœuvrant la bête, il le fit s’avancer vers le salon, la pièce la plus vaste et la plus adaptée pour l’occasion, vu la taille du bestiaux. Il attrapa un cordon tressé de couleur or passé et tira lentement dessus pour faire s’ouvrir le lourd rideau, puis il l’attacha solidement et vint s’installer dans un haut fauteuil crème, dardant toujours de son regard sur la bête. Tout autour d’eux, et malgré l’état inoffensif  du sorcier, étaient gravés, dans le bois, les meubles, les objets, une armada de sortilèges de défenses témoignant de la précaution prise par le maître des lieux en ce qui concernait sa sécurité et celle de tout ce qui se trouvait chez lui. Le druide y comprit, pour le coup. « Allons. Tu t’es trouvé un îlot en ma demeure, par quoi désires-tu que nous commencions ? Ton histoire, ou l’identité de ceux qui t’ont mis dans un tel état ? Plus que blessé, tu as l’air en pleine disharmonie…  Raconte, Callaghan. Pour le prix de ton séjour » Car n’était-ce pas ce qu’il désirait lui payer, l’accord tacite recherché ?

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