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 Salade d'orteils | PV Lokes

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Owain l'Indécis



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MessageSujet: Salade d'orteils | PV Lokes   Salade d'orteils | PV Lokes EmptyVen 16 Mai - 12:55

De la marche, encore un peu, toujours et à jamais marcher. Marcher jusqu'au voile du plan tertiaire, pour délaisser sans honte aucune sa meute et la lourdeur du clan obscure. Se retrouvant à River Halls, le Loup Blanc ne sourit pas, prêtant l'oreille au brouhaha de la ville neutre, tendant une narine pour capter une odeur... Puis décider que non, cela non plus n'est pas à son goût aujourd'hui. Aussi part-il d'un pas preste, suivis par de nombreux regards alors que ses propres yeux s'intéressent aux gargouilles le dominant. Immobile toute la journée, ou ont-elles eu l'occasion de se dégourdir la pierre ... ? River Halls semble bien sereine - à la manière d'une cité de commerce - pour avoir connu le sang des combats aujourd'hui.

Marcher et encore marcher, délaisser bâtiments ouvragés et commerçants pour aller s'égarer comme il lui plait dans les landes. Croquer ici dans un fruit acide, courir là après des herbivores aux pattes fuselées, les faisant seulement détaler sans tenter de planter un croc dans leurs muscles tressaillant. Owain va et vient alors que le Soleil poursuit sa course, apparaissant blanc en haut d'une colline... Puis ocre au milieu des herbes hautes, après avoir fait une roulade sur un sol sec. Croyant sentir une présence humaine, il choisit de détaler sans vouloir s'informer, de grandes foulées rapides, les plantes lui giflant les cuisses, les cailloux l'entaillant à peine lorsqu'il bondit au hasard.

Bientôt, un lourd feuillage vient obscurcir son ciel... Et le cri d'une bête retentit au loin. Vouivre. N'appréciant guère la viande brûlée - surtout la sienne - il s'éloigne de l'origine du son, s'enfonçant dans la jungle. Là, il fait son curieux, après s'être roulée dans une terre humide pour recouvrir la pâleur de son corps. Sur un insecte prit au piège par sa gourmandise se referment les mâchoires végétales d'un élégant prédateur. Des bêtes bondissent de branche en branche dans la verdure le surplombant. Parfois l'une d'elle prévient de son passage d'un cri haut perché : il ne s'en fait que plus discret par la suite.

Alors que ses pieds s'entremêlent dans un épais tapis végétal... Une petite créature affolée bondit soudain sous son nez, le prenant par surprise à l'en jeter au sol, pour détaler à toute allure. Se redressant, Owain remarque un espace parmi les plantes à ses pieds... Qui se referme. Petite bête était là. J'ai failli lui marcher dessus. Songea-t-il. Le parfum des fleurs bleutés avaient distrait son odorat : à présent, il sentait l'effluve de peur du petit herbivore... Qui disparut bientôt.

Le garou s'allongea, le regard perdu dans l'entrelacs de lianes entre lesquelles la lumière perçait vaille que vaille. Un sourire étira ses lèvres alors qu'une curieuse sensation apparaissait : dans un discret soupir, les plantes lui servant de lit se glissant le long de son dos. Inspirant profondément, Owain laissa la chose se faire : bientôt les végétaux aux fleurs délicates le recouvrir. Son souffle en agitait à peine quelques unes. Il tâcha de réduire le mouvement de sa cage thoracique. Il aurait donné beaucoup - s'il possédait quelques richesses - pour pouvoir se voir de l'extérieur : qu'était-il visible du Loup Blanc à présent ?

Ecoutant la jungle vivre en l'ignorant, Owain se laissa aller à un semblant de sommeil, compagne, petits et meute loin de ses pensées.
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MessageSujet: Re: Salade d'orteils | PV Lokes   Salade d'orteils | PV Lokes EmptyLun 19 Mai - 14:51

Me montrerais-je ingrat en disant que l'ancienne époque me manque ? Vous savez... Celle où la terre était encore un lieu accueillant. Où les étendues sauvages s'étendaient devant nous, immenses et infinies. Ce monde là était le mien. Aujourd'hui il est révolu, remplacé par une mer de béton et des milliards de petits soleil que l'on appelle communément "électricité." Oh le confort gagné n'est pas un reproche. Mais les ombres qui dansaient à la pâle lueur des bougies est une vision nostalgique du passé. J'ai quitté ce monde là. Pour un univers qui fut créé de toute pièce et qui bien que magnifique, avait parfois tendance à me rebuter. Encore une fois, je suis un homme de la terre, je suis né et j'ai grandit là-bas. Les humains et leurs pensées, leurs idées, tout cela me manque. Mais l'ironie là-dedans, c'est que si je visite ce monde éphémère, cela me renverra une nouvelle vérité : ma place n'est plus là-bas. Non que je ne puis comprendre ce monde, mais simplement que je ne puis vivre dans un monde muable en étant une figure immuable.

C'est foutrement insupportable que de constater que tout change... Sauf nous. Alors oui... J'ai la chance de pouvoir choisir ce à quoi je désirais ressembler, jeune, vieux, adolescent, enfant... Mais je ne modifiais que mon apparence, pas mon essence. Je pouvais changer, mais se changement... ne changerait pas. Etrange concept. Et cette vérité en amenait une autre. Ne pas, ou ne plus évoluer, me laissait dans une solitude assez effarante. Je ne recherche pas spécialement la compagnie, mais je ne me leurre pas pour autant : j'ai besoin de quelques personnes autour de moi. Malheureusement ma fille virevoltait je ne sais trop où, l'autre loup -Anthony- avait également disparu, Lawrence était sans aucun doute mort... et ouais, finalement je me retrouvais à devoir songer à occuper mes soirées. A faire autre chose que de créer de petits papillons.

La journée touchait donc à sa fin lorsque je décidai d'occuper ma nuit à une chose plus utile que dormir. Si tant est que je dorme réellement la nuit. Ainsi je devais me préparer pour une sortie. Cette nuit serait importante, la lune était dans un alignement adéquat pour la récolte d'une plante tout à fait spéciale. Et qui exigeait, pour ce que je désirais faire, d'être extraite par une femme. Cela aurait pu être handicapant... seulement j'avais depuis longtemps maîtrisé cet art. Prendre la forme féminine qui était la mienne ne fut pas excessivement long. La douleur en revanche était toujours pareille, tout comme la sensation désagréable du sortilège qui maintenait cette apparence sans utiliser trop de mon énergie. Je me vêtis très simplement, préférant le vieux jeans troué et le t-shirt trop large aux vêtements plus sophistiqués. J'attachai également mes cheveux devenus beaucoup plus longs, afin de ne pas m'accrocher dans toutes les branches. Je ne pris pas la peine de me maquiller ; c'était la nuit et je ne sortais pas pour plaire. Mon apparence m'importait donc assez peu. Je n'oubliai pas de prendre le gant de cuir souple pour protéger ma main gauche, et emportai un sac contenant, et bien, tout ce dont j'aurai besoin. Direction : la jungle Nhéréide.

Arriver là-bas ne fut pas difficile. Ne pas se perdre était une autre paire de manches. J'avais beau y venir régulièrement, j'évitais généralement de trop m'y enfoncer, pour ne pas perdre mon chemin et réitérer mon exploit... de rester là dedans durant un mois entier. Bref, trouver la plante ne fut pas compliqué, pas plus que la manipuler pour la cueillir. Ce qui fut en revanche plus difficile, se fut d'entendre le cri caractéristique d'une bête que je ne désirais pas le moins du monde rencontrer. Et elle était proche, la sale bestiole ! Je rangeai rapidement mes affaires et déguerpis de là, mettant le plus de distance possible entre la Vouivre et moi.

Je m'arrêtait bien à un moment, découvrant une plante intéressante qui termina dans ma besace. C'est à peu près à ce moment là que mon sang se glaça, qu'un frisson désagréable me parcouru l'échine et me fit redresser si rapidement la tête que j'en eu mal à la nuque.

Une souris verteuu,
Qui courait dans l'herbeuu,
Je l'attrape par le queue,
Je la montre à ces Messieurs...
Ces Messieurs me disent...
Tue la petite souris, ris ris ris !
Pas besoin de réfléchir plus avant pour reconnaître la voix désincarnée. Je ne désire même pas savoir comment elle pouvait se trouver là, ne reste que la certitude que je dois me casser. Malgré mon envie d'écarter les bras et d'accueillir ma Belle. Je me redressai donc une seconde fois, me mettant à courir le plus vite possible, faisant bien peu attention à où je mettais les pieds. Désirant juste faire taire la voix du fantôme de mon passé.

Et ce qui devait arriver arriva, je me pris les pieds dans une branche, des racines, des champignons... un truc dur et mou. Je trébuchai tête la première, m'écrasai à moitié sur le piège dissimulé, à moitié sur le vrai sol bien dur. Je ne tentai même pas de retenir mon exclamation douloureuse et la bordée de jurons qui monta spontanément. Je roulai sur le côté, tenant mon genou écorché et ma cheville abîmée. Je foudroyai la chose qui m'avait fait chuter... et retins de justesse le cri étranglé qui voulu sortir en constatant que c'était plus animal que végétal. Et blanc crasseux. Encore un mort ? 0 celui là, je le jure, je n'avais rien fait ! Seulement, vu sa poitrine qui se soulevait, ça devait être un minimum vivant. J'espère.
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